L’Armée dans la Nation
Parmi les études parues sur l’organisation future de l’Armée française, l’opuscule du général de Larminat mérite une mention spéciale pour son originalité. Établissant le bilan de l’armée de la « drôle de guerre », il note son manque de « tonus », provenant d’un défaut semblable de la Nation et, aussi, de sa position, souvent attaquée par certains partis : « L’Armée appartient à tous, pour défendre le patrimoine commun et non pour garantir certaines parcelles de ce patrimoine, aux dépens d’autres », telle est la conclusion d’un de ses premiers chapitres. Le général de Larminat préconise une armée du type mixte, suivant le modèle déjà indiqué par le général de Gaulle : une armée permanente de 400 000 hommes, d’une qualité exceptionnelle, et une milice nationale, où passeront tous les Français.
Formation prémilitaire, cadres passant de l’armée permanente à la milice et vice versa, contact direct avec la Nation, produiront une atmosphère de confiance et d’intérêt réciproques. L’innovation la plus notable est la création d’un « Comité directeur de l’armée », qui comprendrait des civils et des militaires, choisis parmi les colonels les plus intelligents. Il donnerait son avis au ministre sur toutes les questions militaires ; – mais ce serait un Comité permanent sans responsabilité directe ; il proposerait, mais ses avis seraient-ils suivis ?
L’encadrement de l’armée rénovée sera choisi parmi les engagés de cinq ans ; l’entrée à une école unique, après concours, assurera l’unité de doctrine ; l’avancement aura lieu à l’ancienneté, jusqu’au grade de chef de bataillon, ensuite, uniquement au choix. L’École de guerre verra ses portes s’ouvrir largement et permettra le choix des chefs de bataillon : le Chem (Centre des hautes études militaires), celui des colonels ; des stages dans les armées étrangères permettront de suivre l’évolution des différentes armées ; l’Administration, assurée par des spécialistes, sera placée sous les ordres du commandement aux différents échelons.