C’est en partant des perceptions de sécurité régionale et des enjeux de puissance internationale que l’on peut analyser les comportements de prolifération nucléaire. Cette grille permet de mieux comprendre le cas iranien et de contrer la dimension militaire suspectée de son programme nucléaire.
Pourquoi un État prolifère-t-il ? (le cas de l’Iran)
Why does any state want to proliferate? (The case of Iran)
Starting from perceptions of regional security and international power challenges, the authors analyse different countries’ behaviour regarding nuclear proliferation in order to understand better the case of Iran and the suspected military dimension of its nuclear programme.
Il existe deux formes de prolifération : l’une horizontale et l’autre verticale. La première concerne l’accession d’un nouvel État à la capacité nucléaire tandis que la seconde renvoie à la course aux armements visant à doter l’arsenal d’une puissance nucléaire de nouvelles armes et de nouveaux vecteurs surpassant tous les autres. Depuis la fin de la guerre froide, l’effort de la communauté internationale se concentre pour l’essentiel sur la nécessité de contrer la prolifération horizontale. La finalité est d’éviter qu’un État puisse maîtriser la technologie nucléaire militaire et être ainsi en mesure de bouleverser les équilibres, notamment régionaux, garantis par les puissances nucléaires officielles. C’est par la diplomatie que s’organise la contre-prolifération. Elle repose sur deux principaux outils que sont l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le traité de non-prolifération (TNP) de 1968. Trop souvent, le débat autour des programmes nucléaires militaires « illicites » reste focalisé sur la question du « comment ? » : combien de centrifugeuses en action ? Quelle quantité de plutonium produit ? Etc. Si cette approche technique est bien entendu nécessaire, elle ne doit pas occulter la question fondamentale : pourquoi un État chercherait-il à se doter du feu nucléaire ?
L’analyse des raisons qui poussent un pays à acquérir l’arme suprême exige une approche résolument différente du « comment ? », qui fait appel aux seules compétences techniques et scientifiques. Le « pourquoi ? » impose une réflexion géopolitique, historique et culturelle, voire psychologique. La question du « pourquoi prolifère-t-on ? » doit reprendre toute sa place dans la réflexion générale sur la lutte contre la prolifération. Elle apporte des réponses pouvant contribuer à désamorcer les crises autour des programmes nucléaires militaires clandestins. Se concentrer sur les modalités techniques et scientifiques qui président à sa réalisation, c’est se priver de l’essence même des raisons de la prolifération.
Le cas iranien permet d’examiner les diverses raisons qui poussent un État à vouloir disposer de l’arme nucléaire.
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