Les questions nucléaires civiles et militaires font aujourd’hui l’objet de nombreuses publications, surtout depuis le tsunami de Fukushima. L’auteur analyse certaines d’entre elles et met en évidence les liens entre nucléaire civil et militaire, les réalités du cycle nucléaire et les questions industrielles qui s’y rattachent avant de conclure sur la question controversée des armes et de leur prolifération potentielle.
Le nucléaire en questions
Nuclear questions
Civilian and military nuclear questions fill a multitude of publications these days, especially after the Japanese tsunami and the Fukushima disaster. The author analyses some of them and highlights the links between civil and military nuclear industries, the realities of the nuclear cycle and related industrial questions before concluding on the controversial issue of weapons and their proliferation potential.
Voici le nucléaire, tant militaire que civil, remis en question. L’incident majeur survenu sur les quatre réacteurs de la centrale de Fukushima après le tremblement de terre de force 9 et le tsunami qui en est résulté a-t-il fondamentalement changé la donne ? On devait y voir plus clair au-delà des actuelles échéances électorales, en France, comme à l’étranger. En attendant, il convient de répondre aux peurs d’une large partie des populations, à quoi s’efforce une série d’ouvrages abordant la question nucléaire dans son ensemble.
Liens entre nucléaire civil et militaire
Certes, les aspects militaires et les aspects civils du « nucléaire » sont de nature différente, pourtant la plupart des ouvrages récents traitant de cette question les abordent tous deux, ne serait-ce que pour répondre aux questions qui inquiètent le public. Une centrale peut-elle exploser comme une bombe ? Non, répond catégoriquement Jean-Louis Basdevant dans son ouvrage fortement documenté et très clair ; exposant les fondamentaux de la physique nucléaire et de ses multiples applications, il se met à la portée du lecteur cultivé, doté d’un niveau équivalent à celui de la fin des études secondaires (Maîtriser le nucléaire. Que sait-on et que peut-on faire après Fukushima ? ; Eyrolles, 2011, 182 pages). En cas d’accident, comme à Fukushima, la pression se met à grimper, ce qui peut provoquer des explosions. Mais celles-ci sont de nature chimique, absolument semblables à de grosses explosions de dynamite ou de TNT, elles ne sont pas nucléaires. Elles libèrent une énergie bien moindre. Nucléaires civil et militaire sont ensuite différenciés et les barrières exposées. Ce à quoi répond également Bruno Tertrais dans son Atlas mondial du nucléaire, publié juste avant Fukushima (Éditions Autrement Collection Atlas/Monde 2011, 80 pages). De même dans son livre d’entretiens, confectionné avec Dominique de Montvalon, Claude Allègre répond à la question posée par le titre de son livre Faut-il avoir peur du nucléaire ? (Plon, 2011, 150 pages). Il commence par aborder les dangers du nucléaire militaire, y compris celui émanant de groupes terroristes alors que son interlocuteur n’avait à l’esprit que la question de la sécurité des centrales nucléaires.
Les Atlas publiés chez Autrement ont l’avantage d’être relativement brefs, clairs, pédagogiques et servis par une cartographie précise et détaillée. Est-ce pur hasard si le titre de l’introduction de Bruno Tertrais, politologue, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), auteur de plusieurs ouvrages sur les questions nucléaires, est le même que celui de Claude Allègre ? Avant le 12 mars, il s’efforçait de dédramatiser des termes du débat. Le nucléaire n’est ni sale, ni propre, ni inoffensif, ni dangereux. Il n’oppose pas seulement deux camps de manière frontale, les « pro » et les « contre ». Les arguments des deux camps exposés dès la page 5 restent actuels. Il termine ses courtes réflexions liminaires en affirmant que « le XXIe siècle sera nucléaire » mais sans dire de quelle manière. Suivent une série de questions que l’on retrouve dans tous les autres ouvrages.
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