Défense en France - Service militaire, effectifs et programmation
La précédente chronique faisait état des études entreprises pour moderniser et diversifier le service militaire. Le même sujet ayant été abordé par la libre opinion de Jean-Philippe Reboul et Nicolas Tenzer en mars 1989, et ayant suscité des réactions diverses – ce qui est habituel ! –, il n’est pas inutile d’apporter quelques compléments au débat, et d’ouvrir d’autres voies de réflexion à plus long terme.
Le mythe de l’universalité du service
Contre la conscription, les arguments ne manquent pas : inefficacité d’un service trop court, renouvellement des effectifs et coût humain d’une instruction militaire répétitive, usure du matériel, favoritisme de certaines affectations, écrémage des meilleurs par les formes non militaires du service (y compris police et sapeurs-pompiers).
Le reproche le plus grave concerne les inégalités devant le service, dont le tableau ci-dessous propose un inventaire. Inscrit dans la loi de 1905, le principe de l’universalité du service n’a pas toujours été appliqué dans les faits. L’analyse statistique montre en effet que de 1905 à 1965 le taux d’incorporation a évolué entre 80 et 85 %, sauf au moment des guerres où des révisions successives ont augmenté le « rendement » (93 % de 1914 à 1917). Ce n’est qu’en temps de guerre que le pouvoir politique satisfait pleinement les besoins exprimés pour exécuter les missions face à la menace réelle. Encore faut-il noter que, dans le même temps, le cinquième de la ressource est affecté dans les usines et les administrations, sans que les syndicats s’en offusquent. En temps de paix, la pratique de la conscription consiste à adapter les taux d’exemption médicale et de dispense sociale, les durées du service et l’âge d’appel sous les drapeaux, aux besoins des armées. Ces derniers sont préalablement comprimés par les dotations budgétaires.
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