Marine - La Marine et ses équipages
Les effectifs de la Marine baisseront en 1989 comme ceux des autres armées. Après le plan de déflation 1984-1988, la restructuration interne effectuée de 1986 à 1988 et la résorption d’un sureffectif antérieur, ce seront environ 6 000 marins d’active qui auront été perdus, remplacés par seulement 1 500 appelés. Ceux-ci représentent désormais près de 30 % des 66 000 hommes de la Marine nationale. Trouver des équipages suffisamment nombreux et compétents pour armer les navires est un problème aussi ancien que la marine elle-même. La maîtrise de cette question est fondamentale.
À la recherche de bons équipages
Lorsque la première marine de guerre véritablement française naquit vers le quatorzième siècle, tous les pays avaient l’habitude de désarmer leurs navires en temps de paix ou durant la mauvaise saison. Dès qu’il fallait les armer en guerre, soldats, forçats ou « engagés » étaient enrôlés de gré ou de force, mais la manœuvre des navires requérait d’abord des experts que seule la population maritime pouvait fournir. Notre pays disposait certes de bons marins. Dès le quinzième siècle, Basques et Bretons péchaient à Terre-Neuve. Au seizième, les navires de Jean Ango fréquentaient les ports du Brésil et de l’océan Indien, tandis que Jacques Cartier remontait le Saint-Laurent. Pourtant, notre flotte marchande demeurait numériquement très faible et nos pécheurs fréquentaient surtout nos eaux côtières. Il en allait bien autrement de la Hollande, dont la fortune était assise sur des barils de harengs, ou de l’Angleterre qui commerçait déjà avec tous les ports d’Europe. La fréquente infériorité manœuvrière de nos navires devant ceux de leurs adversaires, alors que leurs qualités nautiques n’avaient rien à leur envier, était due à cette insuffisance de notre ressource en gens de mer.
Trouver de bons et nombreux équipages était la question lancinante qui, faute d’être résolue, ne pouvait que rendre vains les efforts de Richelieu ou de Colbert pour construire une marine puissante. Dès 1629, le « code Michau » notifiait l’établissement annuel d’une « liste fidèle » de tous les gens de mer avec indication des différentes spécialités utiles à la Marine royale. À ces équipages, il fallait des officiers qui fussent à la fois de bons marins et de bons combattants. La marine marchande et l’armée fournissaient les uns ou les autres, mais la meilleure ressource se trouvait dans les « galères de religion », navires de l’ordre de Malte occupés à longueur d’année à guerroyer contre les Barbaresques, constituant ainsi une remarquable école.
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