Aéronautique - L'armement guidé laser (II)
La chronique du mois dernier montrait que la nécessité de changer les conditions d’exécution d’une mission d’assaut aérien était née d’un syllogisme aux conséquences redoutables : la précision d’un armement classique air-sol (bombe, roquette, obus) diminue quand la distance de tir augmente ; en conséquence, pour détruire son objectif, l’avion doit s’approcher au plus près de la cible ; or, le risque d’être abattu, donc d’échouer dans sa mission, s’accroît considérablement à l’approche du but compte tenu de la densité et de la précision des défenses antiaériennes adverses.
Pour sortir de ce cercle infernal, qui a coûté tant de vies et d’aéronefs dans les conflits passés, il était indispensable de permettre aux avions de tirer à distance respectable, tout en conservant un ECP (1) cohérent avec la cible visée. Les recherches ont abouti à la réalisation d’armements à guidage terminal, s’appuyant sur les propriétés de l’optique et de l’électronique (bombe guidée par télévision – TV – Walleye) ou du laser (bombe Pave Way américaine, la Bombe guidées laser – BGL ou le Missile air-surface guidé par laser AS-30L pour la France).
Lors du conflit du Vietnam, l’emploi de telles armes produisit rapidement l’effet attendu. L’exemple du pont de chemin de fer de Thanh Hoa qui enjambait le Song Ma, au sud de Hanoï, est particulièrement significatif. Le 3 avril 1965, dans le cadre de l’opération de bombardements intensifs menée par les États-Unis au Vietnam entre mars 1965 et novembre 1968 « Rolling Thunder », l’ouvrage subit une première attaque menée par 46 chasseurs-bombardiers supersonique Republic F-105 Thunderchief de l’aviation américaine, armés de missiles missile air-sol téléguidé Bullpup et de bombes de 1 000 livres. Cette tentative, comme la centaine d’autres qui suivirent entre 1965 et 1968, n’occasionna que quelques dégâts légers. Avec son pilier central en béton armé, et son ancrage sur une colline de chaque côté de la rivière par une armature en treillis d’acier, le pont était un objectif bien trop important pour des bombes conventionnelles. De plus il devint rapidement l’une des positions les mieux défendues du Nord-Vietnam : les Américains l’apprirent à leurs dépens qui, en 873 sorties, perdirent 95 appareils. Mais au mois d’avril 1972, alors que le président Nixon venait d’ordonner la reprise des bombardements (opérations Linebacker), deux raids de 8 McDonnell Douglas F-4 Phantom II armés de bombes guidées par laser provoquèrent l’effondrement de l’arche ouest du pont. La cible la mieux protégée de l’adversaire était enfin détruite.
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