• La revue Commentaire, dans son numéro d’automne 1984, contient le fort intéressant discours prononcé par l’ancien chancelier Helmut Schmidt au Bundestag le 28 juin 1984. Ce texte, remarquablement traduit par Pierre Hassner, est préfacé par ce dernier qui n’hésite pas à la qualifier – à juste titre – de grand texte du fait de son ampleur, de ses propositions novatrices, de sa position sans ambiguïté sur le rôle en Europe du tandem franco-allemand.

En premier lieu, Helmut Schmidt dresse un bilan de la situation de l’Europe telle qu’elle est apparue lors des principaux sommets les plus récents : un ensemble qui, faute d’unité, « pèse de moins en moins lourd sur le plan mondial ». Il en est ainsi dans le domaine de la politique économique mais aussi pour ce qui concerne la situation stratégique et des Américains, non des moindres, estiment qu’il faut menacer l’Europe de retirer une partie importante de leurs troupes si cette Europe ne fait pas un effort substantiel pour augmenter ses moyens de défense conventionnels. L’ancien chancelier désapprouve cette attitude qui sape la confiance réciproque et laisse planer le danger, très grave à ses yeux, d’un abaissement du seuil nucléaire. Mais il reconnaît que l’image de l’Europe est fissurée et que, dans cette situation, il faut s’inspirer de ce qui fut fait il y a quelques décennies, à l’époque où les bases de l’intégration européenne ont été jetées grâce à une étroite coopération entre Paris et Bonn.

S’appuyant sur certains passages du discours prononcé le 24 mai 1984 à Strasbourg par le président Mitterrand, Helmut Schmidt propose les actions possibles d’une initiative germano-française dans le domaine économique : mise en place d’un véritable marché intérieur commun, d’un système de taux de change stables entre l’ECU européen, le dollar américain et le yen japonais, créations d’emplois et modernisations dans les domaines techniques de pointe, conception commune visant à résoudre le problème de la dette des pays en voie de développement.