Défense à travers la presse
Soumis au commentaire quotidien les observateurs sont bien souvent pris au dépourvu par les aléas de la diplomatie des grandes puissances. Ne voit-on pas Constantin Tchernenko, secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), user d’une interview à un journal de Washington pour faire des appels du pied à Ronald Reagan au moment même où Moscou annonce le déploiement de nouveaux missiles de croisière à bord de ses bombardiers stratégiques et de ses sous-marins ?
Paraissant ignorer les propositions soviétiques, ne voit-on pas le chef de la Maison-Blanche suggérer au Kremlin d’accepter la technologie antimissile américaine ? Et puis au palais de Manhattan, où se tiennent les assises annuelles de l’ONU, c’est le représentant américain qui offre de négocier sur les systèmes défensifs tout en reprenant le chemin de Genève sur la limitation des armements…
Dans le second débat avec Walter Mondale, le président Reagan a quelque peu surpris son auditoire en offrant aux Soviétiques le partage de la technologie américaine de défense antimissiles. Dans Le Monde du 23 octobre 1984, Michel Tatu avance même que « c’est la première fois » qu’une telle suggestion est formulée. Or, il n’en est rien : dans son fameux discours du 23 mars 1983, Ronald Reagan avait déjà annoncé que les États-Unis « pourraient offrir de fournir le même système aux Soviétiques » (cf. chronique « Faits et dires » de mai 1983). De toute manière, Michel Tatu ne pense pas que l’Union soviétique puisse abonder dans ce sens :
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