Faits et dires
* Plus encore que les autres les dirigeants doivent être convaincus que la guerre est en soi irrationnelle. La complexité même des mécanismes d’exercice du pouvoir n’impose pas qu’il y ait une responsabilité de la conscience individuelle dans la préparation, le déclenchement ou l’extension d’un conflit. La conscience des responsables politiques devrait leur interdire de se laisser impliquer dans des aventures dangereuses où la passion prévaut sur la justice, de sacrifier inutilement les vies de leurs propres concitoyens, d’attiser des conflits de prendre prétexte de la précarité de la paix en une région pour étendre sa propre zone d’hégémonie à de nouveaux territoires.
Sa sainteté Jean-Paul II, le 1er janvier 1984
* Nul ne peut avoir le monopole de détruire l’autre. Il faut établir l’équilibre au niveau le plus bas possible… En Europe, l’accumulation des armes nucléaires dites intermédiaires est au premier rang de nos préoccupations. Restaurer l’équilibre est une nécessité mais la négociation entre les deux grandes puissances qui détiennent ces armes doit reprendre, espérons-le au plus tôt, pour parvenir à rétablir l’équilibre au niveau le plus bas possible.
Président François Mitterrand, 16 décembre 1983, à Belgrade
* J’ai, en votre nom, soutenu et je soutiendrai demain qu’il devrait y avoir équilibre des forces et au plus bas niveau possible si l’on voulait servir la paix. Puissent les Russes et les Américains se décider à négocier utilement.
Président François Mitterrand, 31 décembre 1983, vœux aux Français
* La France déclare à tous les peuples et sans exception qu’elle ne se reconnaît comme l’ennemi d’aucun… Nous respectons les Etats que nous reconnaissons, quelque idée que nous ayons de ceux qui les dirigent. La France est prête à apporter sa contribution au rétablissement de la paix là où elle est rompue et à prévenir les conflits là où ils s’amorcent. Nous n’avons pas un seul soldat hors de nos frontières qui ait d’autre mission que de préserver des vies humaines et de contribuer à rétablir des équilibres.
Président François Mitterrand, 3 janvier 1983, devant le corps diplomatique
* À Bruxelles les ministres des Affaires étrangères de l’Otan ont désigné, à l’unanimité, Lord Carrington pour succéder à M. Joseph Luns comme secrétaire général de l’organisation à partir du mois de juin 1984.
Bruxelles, le 9 décembre 1983
* On ne pourra conclure un accord significatif sur la réduction des armements qu’à une condition : il faut que les Soviétiques soient convaincus que nous sommes résolus à rétablir l’équilibre en modernisant nos forces.
Caspar Weinberger, interview au Pèlerin du 1er janvier 1984
* Il est difficile de croire que le dispositif de dissuasion nucléaire européen puisse être un jour assez puissant pour protéger tout le continent contre la menace constituée par les énormes forces soviétiques. Seules les forces de dissuasion américaines peuvent y parvenir… C’est pour cette raison que nous sommes déterminés à ce que l’URSS ne réussisse jamais dans ses tentatives de division de l’Alliance.
Caspar Weinberger, ibidem
* Le changement dans la situation stratégique globale, dû au commencement du déploiement des nouveaux missiles américains en Europe, oblige la partie soviétique à réexaminer toutes les questions qui sont discutées aux START. La date de la reprise des négociations n’a pu, pour cette raison, être fixée.
Agence Tass, 8 décembre 1983
* Le 8 décembre 1983, les Soviétiques ont décidé de suspendre sine die les négociations de Genève sur les armements intercontinentaux, les START. Le 15 décembre, les pays du Pacte de Varsovie se sont à leur tour retiré des négociations de Vienne sur les forces classiques en Europe, les MBFR. Quant aux négociations de Genève sur les euromissiles, elles avaient été interrompues, toujours à l’initiative de Moscou, le 23 novembre.
* La reconnaissance effective du principe de l’égalité est le seul moyen pour renforcer la paix et la sécurité des peuples. Une telle perspective est possible si les États-Unis et les autres pays de l’Otan manifestent leur volonté de revenir au statu quo d’avant le déploiement des missiles américains de portée moyenne en Europe.
Résolution du Soviet suprême, Moscou, le 29 décembre 1983