Armée de l'air - La réorganisation de l'Armée de l'air française - À l'étranger - L'expansion mondiale de l'aéronautique civile
Tandis que se poursuivent les discussions qui accompagnent la réorganisation de la Défense nationale, l’Armée de l’air cherche à définir sa nouvelle forme et son équilibre futur. Répondant au vœu unanime d’économies de la nation, elle vient, au cours du mois de février 1946, de démobiliser 34 000 hommes dont 1 000 officiers, 2 000 sous-officiers et 31 000 soldats pour la plupart de la classe 1943, soit, au total, plus du quart de son effectif, qui est tombé, le 1er mars, au-dessous de 90 000 h. Une démobilisation aussi massive n’a pas été sans causer quelques perturbations au sein des unités et a exigé la dissolution d’un certain nombre d’entre elles. Après la brigade d’artillerie de l’Air et les formations du génie de l’Air, c’est notre glorieuse brigade de bombardement moyen, armée de B-26 Marauder, qui vient de disparaître. Mais l’aviation française doit poursuivre sans défaillance un plan de réduction qui l’amènera en fin d’année au taux de 59 500 h, chiffre transitoire voisin du minimum de 50 000 h compatible avec les tâches qui lui ont été fixées par le Gouvernement.
Réaliser, sans compromettre l’avenir, cette difficile réduction, qui va amener le départ de nombreux officiers et sous-officiers, tel est le but que s’est donné le nouveau chef d’État-major général, le général d’armée René Bouscat qui a succédé, le 28 février 1946, au général Martial Valin, nommé représentant militaire français à l’Organisation des Nations unies (ONU). Le départ du général Valin a donné lieu à d’assez nombreux changements dans le Haut Commandement de l’Armée de l’air. Au général Léchères, chef de l’état-major, a succédé le général Gérardot, qui avait déjà, en 1943, à Alger, aidé le général Bouscat à réaliser la fusion des Forces aériennes françaises libres (FAFL) et des forces d’Afrique du Nord. Le général Léchères devient inspecteur général adjoint des Forces aériennes, le général Bouscat cumulant – comme le général de Lattre de Tassigny pour l’Armée de terre – les fonctions d’inspecteur et celles de chef d’état-major général.
Les réductions de personnel et de crédits vont nous mener à étudier les fusions nécessaires pour que l’Armée de l’air ne soit pas la seule à supporter la lourde charge de l’entretien de l’infrastructure des bases et des routes aériennes. Une Commission interministérielle, les répartira équitablement entre les transports aériens, l’aéronautique navale et l’Armée de l’air qui, ainsi déchargée d’une partie de ce fardeau, pourra récupérer de quoi maintenir en condition les groupes aériens indispensables. On constate, en effet, dans le monde entier que la proportion d’effectifs réservés à l’aviation par rapport à l’ensemble des forces armées, a considérablement augmenté depuis la guerre – conséquence évidente de l’importance de plus en plus grande prise par l’arme aérienne dans les opérations modernes. En Angleterre, par exemple, la Royal Air Force (RAF) comptait, en 1939, 118 000 h pour 119 000 à la marine et 518 000 à l’armée, soit des proportions relatives égales à 15,6, 15,7 et 68,7 %. À la fin du conflit (juin 1945), ces chiffres étaient passés respectivement à 950 000, 770 000 et 2 935 000, ce qui donnait des pourcentages de 20,6, 16,5 et 62,9. Enfin, d’après les dernières déclarations de Mr. Attlee, les forces armées de la Grande-Bretagne vont être réduites à 1 100 000 hommes ainsi répartis : air, 275 000 ; marine, 175 000 ; terre, 650 000, ce qui amène aux proportions suivantes : air, 25 % ; marine, 16 % ; terre, 59 %. On ne manquera pas de rapprocher ces chiffres de ceux qui ont été adoptés en France (50 000, 45 000 et 400 000), soit respectivement : air, 10,1 % ; mer, 9,1 % ; terre, 80,8 %. Certes on pourra dire que les missions dévolues aux forces armées françaises ne sont pas les mêmes que celles qui incombent aux forces armées britanniques. Cependant, l’aptitude de l’aviation à prendre à son compte de nombreuses missions dévolues naguère aux forces de mer ou de terre, en particulier aux colonies, aurait dû, semble-t-il, réserver à l’air un rôle plus important.
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