Armée de l'air - Le rôle de l'aviation d'après le général C. Spaats et le capitaine Liddle Hart - L'aviation de transport française - La collaboration aérienne britannique - Les avions militaires à réaction
L’importance de l’aviation peut se mesurer facilement au nombre d’articles qu’elle inspire. Dans la grande revue américaine Foreign Affairs d’avril dernier, deux longs articles se rapportent à elle.
En dehors du premier qui concerne « la puissance aérienne et les traités de paix », le second, du général Carl Spaatz, successeur du général Arnold à la tête des forces aériennes des États-Unis, est relatif à l’aviation stratégique. Le général Spaatz y exprime avec force sa conviction que la guerre prochaine, « si loin soit-elle dans l’avenir, sera probablement décidée par une forme quelconque de puissance aérienne avant que les forces de surface aient pu prendre contact avec l’ennemi dans des batailles décisives ». Il insiste sur le rôle capital que l’aviation stratégique a joué au cours du dernier conflit. D’après lui, les Allemands ont perdu la bataille d’Angleterre pour trois raisons principales : mauvais armement de leurs bombardiers, impossibilité de bombarder avec précision, enfin, mauvaise utilisation des chasseurs. S’ils avaient construit des bombardiers lourds bien armés et s’ils avaient donné à leur chasse comme mission primordiale la recherche de la maîtrise de l’air par le combat aérien, ils auraient vaincu la Grande-Bretagne. Par la suite, une force stratégique puissante leur aurait permis de détruire les grandes usines russes de l’Oural. Cette erreur capitale sur l’emploi de l’aviation stratégique a amené l’Allemagne hitlérienne à l’état de dévastation où nous la voyons aujourd’hui.
L’aviation stratégique est donc nécessaire. Mais sa mise en condition demande beaucoup de temps. Un graphique impressionnant montre que dès le printemps de 1943, l’AAF avait à peu près fait son plein en personnel (plus de 2 M d’hommes). C’est seulement un an plus tard que le tonnage de bombes lancé sur l’Allemagne, resté jusque-là très faible, augmenta brutalement. Ce décalage d’une année exprime le temps nécessaire pour l’entraînement du personnel, l’adaptation du matériel et aussi pour la conquête de la suprématie aérienne par la chasse. Car le général Spaatz reconnaît que, sans cette dernière, le bombardement stratégique n’aurait pu réaliser les objectifs qu’il s’était fixé en 1943 : préparer l’invasion de l’Europe par une destruction systématique des transports et des communications de l’ennemi et détruire progressivement toutes les usines d’essence synthétique ainsi qu’un certain nombre d’autres éléments d’importance vitale pour la résistance.
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