Diplomatique - L'accord sur Trieste - La question d'Autriche - Les troubles de Palestine - La Conférence de la paix
Après une discussion fort longue, et parfois orageuse, les quatre ministres des Affaires étrangères ont fini par se mettre d’accord, le 4 juillet, sur le sort de Trieste et de la zone qui l’environne. M. Bidault, qui s’était donné pour tâche de rapprocher les points de vue soviétique et anglo-saxon, a fait approuver, sans changement notable, le projet de statut élaboré par la délégation française. Un « territoire libre » est érigé, comprenant, avec la ville et le port de Trieste, l’espace compris entre le littoral, de Duino à Cittanova, et la ligne semi-circulaire désignée sous le nom de « ligne française ». Les territoires situés à l’est de cette ligne sont cédés par l’Italie à la Yougoslavie. L’intégrité et l’indépendance du Territoire libre sont assurées par le Conseil de sécurité.
Il appartiendra à la conférence de la Paix d’établir, d’après les suggestions que les quatre principales puissances lui auront préalablement soumises, les modalités d’un gouvernement provisoire et celles d’un statut permanent ; l’ensemble sera proposé à l’examen et à l’approbation du Conseil de sécurité. Cependant, dès aujourd’hui, le Conseil des Quatre fixe les principes suivants : le gouverneur du Territoire libre sera désigné par le Conseil de sécurité, après consultation de l’Italie et de la Yougoslavie ; les pouvoirs législatif et exécutif seront constitués sur des bases démocratiques ; les droits de la personne et les libertés fondamentales seront efficacement garantis. Des modifications apportées au texte primitif à la demande de M. Molotov, indiquons la plus importante : le statut permanent devait être soumis à l’approbation de l’Assemblée générale de l’ONU ; le délégué soviétique a demandé et obtenu qu’il fût soumis, non à l’Assemblée, mais au Conseil de sécurité où, comme on sait, les cinq grandes puissances peuvent user du droit de veto.
L’initiative du ministre français a eu ce grand mérite de prévenir un échec qui paraissait imminent et, par suite, de rendre possible la convocation de la Conférence de la Paix. M. Molotov ne voulait pas que les invitations fussent lancées avant que les quatre ministres fussent tombés d’accord sur les articles essentiels des projets de traités. Or la controverse sur le statut de Trieste mettait en question toute l’économie du traité de paix avec l’Italie. Grâce au compromis qui y a mis fin, et à la décision qui règle provisoirement le sort des colonies italiennes, les ministres sont en mesure de présenter à la conférence des vingt et une puissances un projet unique et positif. Ajoutons que l’échec de Paris, venant après celui de Londres, eût profondément ébranlé le crédit de la nouvelle organisation internationale.
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