Combats pour l’Honneur
L’ouvrage du général Requin Combats pour l’honneur contient le récit détaillé des combats livrés par la IVe Armée sur le front de la Sarre, puis en Champagne pour aboutir à la retraite jusqu’au Massif Central, devant la poussée des blindés allemands. Au début de la guerre, l’avance sur Sarrebruck, destinée à soulager la Pologne puissamment attaquée, n’aboutit à aucun résultat stratégique mais comporte une série de combats livrés pour « l’Honneur de la France ».
Au moment de l’offensive en Belgique, le Haut Commandement transporta la 4e Armée en Champagne et l’inséra entre la 2e et la 5e. Mais si elle réussit à bloquer l’offensive adverse sur son front, elle fut contrainte à la retraite par suite de la percée allemande sur sa gauche. Malgré ses prodiges de valeur, les blindés allemands, appuyés par une aviation maîtresse absolue de l’air, finirent par disloquer les unités françaises. La bataille de l’Aisne fut bien le type du combat « pour l’honneur » et la résistance française, qui ne disposait que de moyens dérisoires, a droit au respect.
Après ce récit pathétique, le général Requin, qui fut, pendant de longues années, représentant militaire de la France à la SDN analyse les causes profondes de notre désastre. Il fait ressortir l’impuissance de la Société des Nations pour assurer la sécurité collective par l’assistance mutuelle immédiate, telle que l’avait conçue le maréchal Foch en 1932. La France proposa la création d’une police internationale dotée de moyens puissants ; cette mesure ne fut pas acceptée en présence de l’insuffisance du concours polonais et tchécoslovaque aussi bien que britannique, le Haut Commandement français avait voulu augmenter les forces nationales de dix divisions. Rien n’était encore réalisé en 1940. En 1932 et 1933, le budget de la guerre fut amputé de plus d’un milliard ; de gros crédits furent par la suite alloués, mais il était trop tard. D’autre part, l’État-major ne déploya pas l’activité qu’on eût souhaitée dans l’organisation des éléments mécaniques de l’armée. Enfin, la préparation morale de la nation et de l’armée resta insuffisante.
Le général Requin conclut : « Pour écarter une semblable crise, il importe de prendre conscience des responsabilités d’une démocratisation, de tirer l’enseignement des vingt dernières années, de suivre la révolution des progrès techniques et les découvertes scientifiques. Le cataclysme qui vient de secouer le monde et le laisse pantelant ne doit pas laisser indifférents les États victorieux dont les faiblesses passées, ajoutées aux nôtres, ont rendu possible le déclenchement de la catastrophe. »