Diplomatique - Vers une alliance franco-anglaise - Les relations anglo-soviétiques - Les Alliés et l'Allemagne - Les élections polonaises
Quelques jours avant de quitter le pouvoir [NDLR 2023 : le 22 janvier 1947], M. Léon Blum, se rendant à l’invitation du Premier ministre de Grande-Bretagne, est allé à Londres. Les entretiens, poursuivis les 14 et 15 janvier 1947 entre MM. Attlee et Bevin [NDLR 2023 : secrétaire d’État aux Affaires étrangères] et l’homme d’État français, qui, à l’origine, devaient porter uniquement sur les moyens d’intensifier les échanges et d’améliorer les relations économiques entre les deux pays, ont dépassé de beaucoup les limites du cadre prévu. C’est ce qu’a laissé entendre d’abord un communiqué publié à Londres, et ce qu’a bientôt confirmé une déclaration de M. Attlee à la Chambre des Communes (23 janvier 1947). « Les discussions ont porté sur de nombreux sujets – a expliqué le Premier ministre – et un accord est intervenu sur de nombreuses questions d’un grand intérêt politique et économique. Il a été convenu en particulier qu’un traité d’alliance serait conclu entre nos deux pays. »
Un député ayant alors demandé l’assurance que ce nouveau traité ne viendrait pas se substituer au traité anglo-soviétique, mais tendrait au contraire à le compléter, M. Attlee a répondu qu’évidemment un traité conclu avec une puissance ne pouvait pas remplacer le traité conclu avec une autre puissance. « Nos amis français – a-t-il ajouté – ont signé un pacte avec les Russes, nous également. Plus nombreux seront les traités d’alliance conformes à la Charte des Nations unies, mieux la paix du monde s’en trouvera garantie ».
Voilà nettement posés deux grands problèmes, qui ne peuvent être résolus qu’en fonction l’un de l’autre : relations franco-britanniques, rapports de la Grande-Bretagne et de la France avec l’Union des Soviets. Nous les examinerons brièvement l’un et l’autre. L’alliance franco-anglaise envisagée dans les entretiens de Londres est tout ensemble économique, politique et militaire ; elle implique donc une intervention déclarée de l’Angleterre dans les affaires du continent. La garantie qui avait été promise, puis refusée à la France après la paix de Versailles lui serait positivement accordée ; les Anglais ne se borneraient point à affirmer, comme le fit M. Baldwin, que la frontière de leur pays est sur le Rhin, ils agiraient en conséquence. Assurée d’un appui militaire puissant et immédiat, la France, d’ici à longtemps, n’aurait rien à craindre d’une agression allemande.
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