Les Nations unies à San Francisco
Les représentants de cinquante États se sont réunis le 25 avril à San-Francisco en vue de jeter les bases et de définir les modalités d’une organisation internationale destinée à maintenir dans le monde la paix et la sécurité. Après cinq années d’une lutte gigantesque et ruineuse contre les puissances de proie, pour le triomphe de la liberté et de la justice, l’heure de la victoire ayant enfin sonné, les nations qui ont contribué le plus largement à l’obtenir ont invité celles qui, tôt ou tard, avaient fait cause commune avec elles à une consultation générale, où seraient discutés et établis les principes essentiels de la future organisation.
La conférence de San-Francisco a inauguré un nouveau stade, marqué une nouvelle étape sur la voie qui doit conduire à une paix juste et durable, reposant sur le respect des traités et solidement garantie contre l’arbitraire et la violence. Le président des États-Unis d’Amérique, Franklin Roosevelt, et le premier ministre de Grande-Bretagne, M. Winston Churchill, avaient ouvert cette voie le 14 août 1941, en promulguant ensemble la « Charte de l’Atlantique ». Respectueux du droit qu’a chaque peuple de choisir la forme de son gouvernement, ils exprimaient leur commune volonté de faire rendre à ceux qui en avaient été privés par la force le libre exercice de leur indépendance souveraine. Ils se déclaraient résolus à ouvrir également à tous les États, grands ou petits, vainqueurs ou vaincus, l’accès aux matières premières et aux transactions commerciales nécessaires à leur vie économique. Ils attendaient d’une collaboration plus étroite entre toutes les nations du monde l’amélioration de la condition ouvrière, le progrès de l’économie et de la sécurité sociales. Ils souhaitaient enfin voir s’établir une paix qui assure à toutes les nations la sécurité de leurs propres frontières et à tous les hommes une existence affranchie de la peur et du besoin. La liberté des mers devait être une des conséquences de cette paix universelle.
Le 1er janvier 1942, la « Déclaration des Nations unies » symbolisa l’élargissement de la coalition formée contre les puissances de l’Axe. Elle fut souscrite à l’origine par vingt-six États ; vingt autres y ont adhéré par la suite, parmi lesquels la France, qui l’a signée le 1er janvier 1945, c’est-à-dire quelques mois après sa libération. Les gouvernements signataires déclarent adopter les buts et les principes énoncés dans la Charte de l’Atlantique. Chacun d’eux s’engage à mettre en œuvre la totalité de ses ressources, militaires et économiques, contre les ennemis communs, à ne contracter avec eux ni armistice, ni paix séparée, et à poursuivre jusqu’à la victoire complète une lutte qui a pour enjeu les droits les plus sacrés des individus et des peuples.
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