Diplomatique - La déclaration Truman - Les États-Unis et l'ONU - La Conférence de Moscou
On ne pourra plus accuser le gouvernement des États-Unis de n’avoir pas de politique extérieure. Celle que le président Truman a définie le 12 mars 1947 dans son discours au Congrès ne manque ni de clarté, ni de hardiesse. M. Truman a demandé au Congrès l’autorisation de fournir à la Grèce et à la Turquie une aide financière de 400 millions de dollars d’ici au 30 juin 1948, et les arguments qu’il a fait valoir à l’appui de cette demande résument toute une doctrine : l’opinion mondiale est désormais divisée entre partisans et adversaires de la « doctrine Truman ».
L’un des buts principaux de la politique étrangère des États-Unis – a déclaré en substance le président de la grande République américaine – est l’établissement de conditions qui permettent d’instaurer un mode d’existence libre de toute contrainte. Tel était l’enjeu majeur de la guerre entreprise contre l’Allemagne et contre le Japon. La victoire fut remportée sur des Nations qui tentaient d’imposer leur volonté et leur mode de vie aux autres pays. Or, un certain nombre de peuples se sont vu imposer récemment des régimes totalitaires contre leur propre volonté ; d’autres Nations sont menacées du même sort. Les germes du totalitarisme sont nourris par la misère et le besoin. Ils croissent dans la mauvaise terre de la pauvreté et de la guerre civile ; ils arrivent à maturité lorsqu’un peuple voit mourir l’espoir qu’il avait mis en une vie meilleure. « Il faut que cet espoir demeure vivant – affirme avec force M. Truman. Les peuples libres de la Terre attendent de nous que nous les aidions à conserver leur liberté. » Et il ajoute : « Aider les peuples libres, c’est tout simplement reconnaître que les régimes totalitaires qui leur sont imposés par l’agression directe ou indirecte sapent les fondements de la paix internationale et, de ce fait, compromettent la sécurité des États-Unis. »
Voilà le principe posé ; comment s’applique-t-il à la Grèce et à la Turquie ? L’État hellénique est menacé, dans son existence même, par l’activité de plusieurs milliers de terroristes armés, que mènent les communistes. Le gouvernement d’Athènes est incapable de faire face à la situation ; l’armée grecque est peu nombreuse et mal équipée. Extrémistes de droite et de gauche défient et tiennent en échec l’autorité gouvernementale : ce qui est en jeu dans ce pays, c’est l’existence et le fonctionnement du régime démocratique. En venant au secours du gouvernement hellénique, les États-Unis n’entendent pas approuver toute sa politique ; ils ont conscience des fautes qu’il a commises. Mais ce gouvernement représente 85 % des élus du peuple, et les élections de 1946 ont été reconnues régulières par les observateurs étrangers, dont 692 étaient Américains. D’ailleurs, en même temps qu’une aide financière, les États-Unis assureront à la Grèce le concours de techniciens qui veilleront à ce que les crédits américains soient employés conformément au dessein dans lequel ils auront été octroyés.
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