Diplomatique - Solidarité du Continent américain - Le partage de l'Inde - Médiocres résultats de la Conférence tripartite - Ratification des traités de paix
La Conférence panaméricaine qui s’est tenue à Pétropolis, aux environs de Rio, dans la deuxième quinzaine d’août 1947, avait officiellement pour objet d’élaborer un pacte de défense mutuelle entre les Nations du nouveau continent. Ce ne fut pas une improvisation, puisque des jalons avaient été posés au cours de réunions précédentes à Buenos Aires, à Lima, à Panama, à La Havane et à Mexico (février-mars 1945) ; mais il s’agissait, cette fois, de trouver une formule qui répondît aux conditions nouvelles du monde et qui fût compatible avec la Charte des Nations Unies.
Déjà, par l’Accord de Chapultepec [NDLR 2023 : le château de Chapultepec se trouve à Mexico], les républiques du nouveau continent avaient convenu que toute attaque perpétrée par un État contre un État américain serait considérée comme un acte d’agression dirigé contre tous et que des sanctions collectives seraient prises contre l’agresseur. Cependant un point demeurait obscur : les sanctions prévues devaient-elles s’appliquer à tout agresseur, ou seulement à un agresseur non-américain ? L’Argentine tenait pour cette dernière interprétation et ses représentants désiraient que l’intervention collective – intervention armée – ne fût exercée que contre un État étranger au nouveau continent. Au contraire, les États-Unis, s’opposant à toute distinction, voulaient qu’une agression, d’où qu’elle vint, entraînât les obligations prévues à l’Accord de Chapultepec. Le Brésil et la majorité des républiques américaines partageaient le point de vue des États-Unis. Finalement, on se mit d’accord sur le compromis suivant : toute agression, qu’elle vienne de l’extérieur ou de l’intérieur du continent, sera considérée comme une attaque dirigée contre l’ensemble des États américains ; toutefois, des procédures différentes seront envisagées, selon que l’agression sera venue de l’intérieur ou du dehors.
La Conférence de Rio a singulièrement élargi son programme en définissant la « zone de sécurité » à laquelle les républiques américaines entendent appliquer la doctrine de Monroe. Il ne s’agit plus seulement de la région géographique envisagée par la déclaration de Panama le 3 octobre 1939 ; toute l’Amérique du Nord est englobée dans la zone protégée, y compris le territoire de l’Alaska, le Groenland et « la région qui s’étend entre l’un et l’autre » ; le Canada s’y trouve donc inclus, bien qu’il ne soit pas nommé. Toute agression commise au détriment d’une région comprise dans la zone ainsi définie se heurtera à la résistance immédiate et organisée du continent tout entier.
Il reste 77 % de l'article à lire
Plan de l'article