Les coulisses de la guerre
C’est un livre passionnant que celui que les Éditions Domat-Montchrestien viennent de publier dans une traduction de l’anglais, sous le titre : Les coulisses de la guerre, par Quentin Reynolds, ce confrère américain, envoyé spécial du Collier’s Weekly, un des périodiques les plus importants des États-Unis, bien représentatif de cette magnifique race de journalistes, globe-trotters et reporters, aussi pleins d’audace que de talent, qui donnent à la presse des États-Unis un cachet si particulier et une animation que la nôtre pourrait lui envier. Ces coulisses de la guerre s’étendent, en réalité, sur le monde entier ; l’auteur nous transporte successivement en Iran, à Moscou, en Asie mineure, à Rome, en Sicile, à Alger. Partout, il témoigne de la même bonne humeur et d’une imperturbable objectivité teintée d’humour.
Ses impressions de Russie sont particulièrement intéressantes. S’il fait de graves réserves sur le milieu officiel russe auquel il reproche l’impénétrabilité et la rigueur de sa censure, Quentin Reynolds ne tarit, par contre, pas d’éloges sur la gentillesse, l’honnêteté, le courage du peuple russe. Nous pénétrons avec lui dans des intérieurs très simples, et il nous initie à la vie si dure et héroïque qu’ont menée les petites gens moscovites. Très jolies sont ses impressions de Pâques, une Pâques très russe dans une église catholique pleine à craquer. Sur le front, les tableaux d’héroïsme sont très simplement évoqués par cet excellent peintre. Il nous montre notamment des femmes luttant contre l’Allemand avec une farouche énergie. Ses impressions de Russie sont donc imprégnées d’une profonde sympathie pour le grand pays en guerre.
Tout serait d’ailleurs à citer dans ce petit livre, car l’auteur s’intéresse à tout ce qu’il voit, aussi bien dans la campagne de Sicile qu’au Jour J en Italie ou qu’à Alger. Ce sont des modèles d’intelligent et de passionnant reportage que ces articles détachés réunis en une collection qui se termine, malheureusement, à New-York en 1943 et qui, espérons-le, auront une suite car l’auteur nous quitte sur ces mots du général Montgomery, qu’il a fort joliment croqué : « La guerre ne fait que commencer. »