Pour parler du risque dans la vie militaire, il peut être utile de convoquer Foch et Guitton, deux illustres figures de l’École militaire. Le premier a parlé avec passion de discipline intellectuelle pour justifier le risque de vouloir. Le second, de l’utilité de la confrontation à la pensée adverse pour promouvoir le risque dialectique qui nourrit l’action.
Sigem - Risque et guerre
Risk and war
When considering risk in the context of military life, we look to Foch and Guitton, two illustrious figures from the Ecole Militaire in Paris. The former spoke passionately about intellectual discipline to justify the risk inherent in volunteering, and the latter of the value of confrontation with an opposing line of thinking in order to promote the appreciation of risk on both sides that feeds action.
Parler de risque, c’est bien souvent parler d’audace, de courage, de tempérament mais moins spontanément de discipline et de volonté. Ce sont pourtant là deux passages obligés, deux exercices, deux épreuves que le chef militaire (1) doit s’imposer pour libérer les forces morales et matérielles qui lui permettront de contraindre et de soumettre.
Pour les évoquer, suivons la trace de deux maîtres stratégiques français (2), Foch et Guitton, qui se sont illustrés à l’École militaire. Offrons leurs repères aux jeunes officiers qui sont au seuil de leur formation et que le Sigem (3) rassemble autour de la notion de risque, ce mois-ci.
Discipline et responsabilité
Commençons par Ferdinand Foch, le lieutenant-colonel analyste, le professeur de l’École de Guerre, qui forgeait ses convictions au début du XXe siècle par l’examen des leçons cruelles des combats du XIXe siècle. C’est ainsi qu’il affermit un caractère bien trempé de Pyrénéen et qu’il s’est préparé méthodiquement à l’action stratégique totale qu’il conduira plus tard avec succès. Il n’aurait d’ailleurs pas renié, s’il l’avait connue, la réflexion ultérieure de Raoul Castex sur l’objectif principal, sur la finalité à la réalisation de laquelle on doit tout soumettre. Il a établi la nécessité d’une chaîne de causalité que l’on remonte obstinément pour enchaîner les effets attendus aux causes qui les produisent et que l’on dispose avec méthode. Il a osé penser l’Art de la guerre et montré que la lutte pour la liberté d’action en est le cœur alors que la gestion des efforts, l’économie des moyens en constitue les poumons, la respiration. Mobiliser d’emblée l’intelligence permet la prise de risque, libère l’audace, valorise le courage pour s’en remettre le moment venu aux hasards du combat.
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