Problèmes allemands
Le, ou plutôt les problèmes allemands seront parmi les plus difficiles à résoudre après la victoire des Alliés. Le bouleversement total, moral et matériel, produit par la défaite, l’anéantissement d’un régime que nul autre n’est prêt à remplacer, placent les vainqueurs devant une situation incertaine, qui n’est pas faite pour simplifier leur tâche ! Eux-mêmes ont-ils arrêté un programme précis vis-à-vis de l’Allemagne ? Nous ne connaissons pas toutes les décisions prises à Yalta et ailleurs. Autant que nous sachions, ce programme n’aurait été fixé que partiellement. Il subsisterait des incertitudes, notamment sur le sort qui sera réservé à l’économie allemande, sur les mesures à prendre pour empêcher l’Allemagne de réarmer. Quant aux décisions purement politiques, l’occupation militaire, qui durera quelques années, semble à première vue en dispenser les Alliés : ce n’est là qu’une apparence.
Les hostilités terminées, l’état matériel de l’Allemagne est désastreux : moins peut-être qu’on ne pense. Attendons les rapports précis des témoins pour nous en faire une idée exacte. Pour le moment, nous ne pouvons l’imaginer que grosso modo. Nous savons que les grandes villes sont en partie détruites, que beaucoup d’industries sont anéanties, que les voies ferrées et le matériel roulant ont subi de grands dommages, que 20 millions d’Allemands ou davantage sont sans abri, que des millions ont été transportés d’une province à l’autre, ou sont séparés de leurs enfants.
Mais les petites villes, même les moyennes, sont pour la plupart intactes ; les villages également. L’arrêt des opérations militaires, donc des bombardements, apporta du jour au lendemain un soulagement à ceux qui les subissaient. Si beaucoup d’usines ne tournent plus, toutes ou presque toutes travaillaient pour la guerre, celles qui restent pourront se consacrer à la production de paix interrompue depuis six ans. L’Allemagne produit plus de 200 millions de tonnes de charbon, sans parler d’une quantité presque égale de lignite. Si la houille de la Sarre et de la Silésie lui est enlevée, si quelques exportations sont faites vers les pays voisins, il restera encore assez de combustible pour les besoins réduits des premières années, pendant lesquelles l’industrie et les chemins de fer fonctionneront au ralenti.
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