In memoriam : Maurice Pernot
Cette chronique sera la dernière qu’aura signée Maurice Pernot.
Quelques jours avant sa mort, il avait, malgré la douleur, tenu à la faire rédiger sous ses yeux et à la revoir lui-même : magnifique exemple de conscience professionnelle, poussée jusqu’à l’héroïsme. Avec lui, la Revue de Défense nationale perd un de ses premiers et meilleurs collaborateurs. Dès sa réapparition, il avait, en dépit de lourdes occupations, répondu à son appel et repris la série de ses chroniques qui faisaient si justement autorité par la connaissance profonde des questions, l’impartialité, la pondération, le libéralisme qui les animaient et, aussi, par la magistrale élégance de l’exposition.
Maurice Pernot était d’origine franc-comtoise. Né en 1875, à Besançon, il entra jeune à l’École normale supérieure. À Rome, où il fut élève de l’École de Rome, il se lia d’étroite amitié avec Mgr Duchêne, dont il fut le disciple, et, plus tard, l’exécuteur testamentaire. Il quitta vite les études d’archéologie pour celles, plus vivantes, de politique étrangère, qui devaient lui assurer rapidement une incontestable notoriété, française et internationale. Il devint, notamment, un profond connaisseur de la politique vaticane, et des questions orientales. Il collabora à de nombreuses publications, telles que le Temps, les Débats et la Revue des Deux Mondes. Quand fut créé le Centre d’Études de politique étrangère, il en fut un des animateurs les plus compétents, avant de le diriger avec une inégalable autorité. Parmi ses livres remarquables par leur érudition, par leur souffle national, et aussi, par une infaillible intuition de la mentalité européenne, islamique et asiatique, citons : La Politique du Saint-Siège, L’Épreuve de la Pologne, Sur les routes de l’Inde.
Il n’était qu’officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 1914-1918. Comme son frère, Georges Pernot, ancien ministre, il unissait à une charmante modestie, la science et la conscience. Sa disparition est une perte cruelle pour notre Revue, où il ne comptait qu’admirateurs et amis. ♦