Ardant du Picq
On a beaucoup parlé de l’influence que les ouvrages d’Ardant du Picq ont exercée sur les grands éducateurs militaires comme le général Négrier, le colonel de Maudhuy et le maréchal Lyautey ; mais bien peu en réalité connaissent la vie d’Ardant du Picq et son œuvre. Lucien Nachin a eu le rare mérite d’établir non seulement un historique fort intéressant de la vie d’Ardant du Picq, mais encore de présenter un tableau vivant de l’Armée française durant les vingt années qui ont précédé la guerre de 1870 ; il a mis en lumière les grandeurs et les faiblesses de cette armée, et a su dégager les influences qui peu à peu ont déterminé Ardant du Picq à préciser sa doctrine.
Tout l’avant-propos de son ouvrage est à lire et à méditer. Si l’on demeure surpris de l’esprit de routine et de la méconnaissance du facteur humain auxquels, durant toute sa carrière, devait se heurter Ardant du Picq, on demeure plus surpris encore de constater que les idées si vraies et si profondément humaines qu’il exprimait, il y a un demi-siècle, demeurent aujourd’hui encore trop souvent, oubliées.
L’œuvre d’Ardant du Picq comprend deux parties : l’une intitulée le Combat antique, constitue une étude profondément poussée du combattant lui-même et des facteurs moraux ou matériels qui agissent sur lui au cours de la bataille, et exaltent ou dépriment son énergie.
La deuxième partie, intitulée le Combat moderne, est le développement de la première et présente son adaptation aux progrès de la technique militaire dans la période 1860-1870.
L’œuvre d’Ardant du Picq, vieille de près d’un siècle, demeure encore profondément vraie : tous les progrès de la science et de l’industrie n’empêchent pas le soldat d’être avant tout un homme, qui reste dépendant de ses instincts, de sa sensibilité, de ses qualités, de ses faiblesses. Une doctrine militaire qui négligerait le facteur humain et les influences auxquels il est soumis, ne pourrait conduire qu’aux plus dangereuses erreurs.