Maritime - Dans la Marine française : budget, entraînement et opérations - L'activité de la Marine britannique et les évènements de Chine - Les préoccupations de l'armement commercial international - La flotte marchande française, le problème des navires à passagers et les ports
Contrairement aux prévisions qu’il paraissait raisonnable de formuler au mois de mars dernier, un projet de loi portant ouverture de crédits pour un nouveau douzième provisoire destiné à couvrir les dépenses militaires du mois de juin a dû être déposé le 31 mai 1949 sur le bureau de l’Assemblée nationale ; la Marine y figure pour un peu moins de 5 500 millions sur un total de 41 600 M (chiffres arrondis) pour l’ensemble de la Défense nationale et d’environ 17 200 M pour la France d’Outre-mer. C’est qu’aux raisons anciennes qui n’ont cessé de retarder l’établissement d’un budget normal d’autres se sont ajoutées, qui exigent une révision complète de la situation, telle qu’elle se présentait au début de l’année, après que la loi des maxima promulguée le 31 décembre 1948 eut fixé à 350 milliards le plafond des crédits de paiement applicables aux dépenses militaires de l’exercice 1949 : d’après les fascicules soumis en mai à l’Assemblée, les surcharges imputables à la hausse des prix, aux dépenses de personnel, aux opérations d’Indochine, etc. ont porté à plus de 385 Md (dont 58 887 M pour la Marine) la masse des crédits nécessaires. Des ressources supplémentaires devront être trouvées et des économies réalisées, pour rétablir l’équilibre budgétaire. Il est vain, dans ces conditions, de former un pronostic quelconque sur l’époque où, les circonstances étant redevenues normales, la Marine pourra bâtir des projets d’avenir en matière de constructions neuves et d’équipement rationnel des bases. Il lui faut, et elle le sait, vivre au jour le jour en appliquant au mieux ses maigres ressources (inférieures, compte tenu de l’évolution des prix, à celles de 1936) à l’entretien du matériel existant et à l’entraînement des équipages.
Les exercices auxquels elle procède depuis le 23 mai 1949, et qui ne prendront fin que dans les derniers jours de juillet, témoignent l’intérêt majeur qu’elle attache à cet entraînement. Bien que conçus dans un esprit de stricte économie et dépourvus de thèmes stratégiques ambitieux, ces exercices font une place exceptionnellement importante aux deux préoccupations dominantes de la pensée maritime d’après-guerre : les opérations amphibies, la protection des communications contre le danger sous-marin et aérien. Y participent, à défaut du Richelieu et du Jean-Bart indisponibles, les trois groupes organiques de l’escadre (les croiseurs, les porte-avions avec leurs destroyers d’escorte, le groupe d’action anti-sous-marine), auxquels ont été adjointes les forces navales des régions et un certain nombre de formations de l’aéronautique.
Deux de ces exercices ont déjà eu lieu au moment où nous écrivons. Ils comportaient, le premier une attaque du camp retranché de Bizerte par l’aviation embarquée de l’Arromanches et du Dixmude et par un commando (23-25 mai 1949) ; le second, qui s’inscrivait dans le cadre général d’un exercice interarmées, un débarquement de vive force sur la côte tunisienne, avec la participation d’éléments du centre d’instruction des opérations amphibies d’Arzew (30 mai au 3 juin 1949). Signalons, en passant, qu’un décret du 21 mai 1949 (publié au Journal officiel du 25) a réglé le fonctionnement de ce centre et défini ses attributions, du triple point de vue de l’élaboration de la doctrine et des méthodes, de l’étude expérimentale du matériel et des procédés, de l’entraînement des cadres et de certaines unités constituées.
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