Plaidoyer pour l’attaque
Peut-on défendre la France contre des bombes atomiques ou thermonucléaires avec les moyens ou les procédés actuels, même améliorés ? Ou devons-nous, au contraire, face à la double révolution de la découverte de la bombe thermonucléaire et de la mise au point des engins téléguidés, réviser complètement notre système de défense aérienne ? Après la supériorité tactique de la défense aérienne, l’évolution technique nous conduit-elle à la supériorité sans conteste de l’attaque ? Dans ce cas quelles en seraient les conséquences sur la défense de notre Pays, qui, comme on le sait, doit se préparer à deux guerres essentiellement différentes : d’une part la défense de l’Europe, de l’autre la police de l’Union Française ? Dès lors comment peut-on envisager la période transitoire qui s’ouvre et qui doit nous amener d’ici quelques années à la situation que l’évolution de la technique moderne aura commandée ?
Ce sont évidemment des questions d’importance. Il est capital d’y répondre sans délai. Si du moins la France veut, tout à la fois, assurer efficacement sa défense, ne plus être passivement à la remorque de ses alliés mais, à son tour, leur montrer le chemin qu’il faut suivre pour garantir et défendre notre civilisation. Précisons bien, avant d’entrer dans le vif du sujet, que pour aboutir, avec le moins de bouleversements et de risques possibles, à des solutions efficaces, il faut prévoir les délais nécessaires à leur réalisation et par conséquent envisager une phase transitoire inévitable et toujours délicate.
Les choses telles qu’elles sont aujourd’hui ne peuvent être transformées brutalement. La technique et les constructions industrielles ont dans leur marche en avant une inertie que l’on ne peut négliger. La disparition d’un système et la naissance d’un autre ne peuvent être que progressives. Si donc l’on veut éviter soit des retards dangereux dans le renouvellement d’un système périmé, soit un hiatus dans la permanence de la défense il convient de faire une juste estimation des délais dans lesquels le système sera au point. Mais il est évident que, dans ce domaine, une avance un peu imprudente créant un hiatus, que la technique rattrapera fatalement assez vite, sera beaucoup moins dangereuse qu’un retard qui sera, nous le savons par expérience, toujours difficile à rattraper. Aux yeux non avertis, le danger sera peut-être moins apparent. Il n’en serait pas moins beaucoup plus inquiétant pour l’avenir. Il créerait une crise de vulnérabilité d’une durée peut-être moins aiguë, mais beaucoup plus longue. Il serait l’expression d’un immobilisme démoralisant. Une certitude s’impose donc : la nécessité d’un juste calcul de l’avenir technique et des délais dans lesquels il pourra se réaliser. C’est dans les faits et l’évolution de la dernière guerre aérienne que nous allons chercher les éléments de ce calcul.
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