Économique - La production en France
Production industrielle
Avec la fin de la période des congés payés la production a marqué une reprise sensible. Les chiffres dont on dispose pour le mois de septembre 1950 traduisent, même dans la plupart des secteurs industriels, une amélioration par rapport à ceux du premier semestre 1950.
a) En ce qui concerne l’énergie, la production houillère, à 4 265 000 tonnes, est en progrès sensible par rapport au mois d’août (4 millions), mais reste inférieure à la moyenne des dix-huit mois précédents (4 430 000 t). Le point important est que le rendement par poste au fond, dont nous n’avons, depuis des années, cessé de déplorer la faiblesse, a rejoint et même dépassé son niveau de 1938 : 1 234 kg contre 1 229. Les importations (1 035 000 t contre 960 000) ne marquent qu’une faible augmentation : elles proviennent essentiellement de la Sarre (424 000 t) et de la Ruhr (223 600 t), les importations de provenance américaine ayant cessé depuis le mois de mai et n’ayant atteint que 38 400 t en 1950.
La production d’énergie électrique a atteint, en septembre, 2 613 millions de kWh contre 2 564 en moyenne au premier semestre et 1 572 en 1938. Les conditions atmosphériques ont permis de constituer des réserves hydrauliques plus importantes que l’an dernier ; le coefficient de remplissage des barrages est de 69 % fin octobre contre 31 % un an plus tôt, ce qui correspond à 15 jours de consommation. Les besoins quotidiens en énergie marquent déjà une hausse de 13 % par rapport à la période correspondante de 1949 (105,2 M de kWh le 27 octobre) et l’on estime qu’ils pourront atteindre 115 M par jour au milieu de l’hiver. Leur couverture semble pouvoir être assurée grâce au développement de la production thermique, le potentiel des centrales de ce type ayant été notablement accru en 1949. Toutefois, l’énergie d’origine thermique représente déjà 68 % de la consommation et des difficultés sont susceptibles de se présenter, dont on espère se tirer par la politique « d’écrasement des pointes », les industriels gros consommateurs s’étant engagés à ne pas user de l’énergie électrique aux heures de pointe.
b) Dans les secteurs sidérurgiques, la reprise par rapport à août et au premier semestre 1950 est nette, quoique les chiffres restent, sauf pour les tréfilés, inférieurs à la moyenne 1949.
Milliers de tonnes |
Moyenne 1949 |
Moyenne |
||
1er semestre 1950 |
Août |
Septembre |
||
Fonte brute |
696 |
620 |
593 |
654 |
Acier brut |
759 |
693 |
633 |
726 |
Produits finis |
517 |
478 |
403 |
528 |
Tubes d’acier |
32 |
29 |
17 |
30 |
Tréfilés |
33 |
34 |
22 |
44 |
Étirés |
12 |
9 |
6 |
10 |
Laminés à froid |
8 |
8 |
4 |
7 |
c) En ce qui concerne les métaux ferreux, on ne dispose encore que de statistiques partielles, qui dénotent une amélioration sensible de la production de plomb et de nickel.
d) Le secteur des industries chimiques est, dans son ensemble, stationnaire, avec une certaine progression toutefois pour le carbonate de soude, les chaux grasses et les superphosphates.
Milliers de t |
Moyenne 1949 |
Moyenne |
||
1er semestre 1950 |
Août |
Septembre |
||
Acide sulfurique |
96 |
96 |
95 |
95 |
Carbure de calcium |
16 |
15 |
18 |
16 |
Carbonate de soude |
48 |
54 |
60 |
60 |
Chaux grasses |
112 |
110 |
108 |
115 |
Superphosphates |
100 |
100 |
82 |
100 |
e) La production de matériaux de construction est en progression générale. Les ciments sont à 655 000 t, contre 610 000 en moyenne au premier semestre et 296 000 en 1938. Les chaux hydrauliques rejoignent, à 120 000 t leur niveau moyen de 1949 ; les briques et tuiles n’ont pas encore rejoint la référence 1938 (361 000 t contre 375 000).
f) La production de verre a beaucoup fléchi pour le verre à vitres : 4 515 t contre 6 386 en moyenne au premier semestre et 8 316 en 1949 ; elle reste cependant supérieure à celle de 1938 (3 187 t). Une progression sensible est au contraire à noter pour le verre plat de construction (10 620 t contre 8 261 en août et 9 435 au premier semestre).
g) La production de caoutchouc industriel et de pneumatiques atteint au total 9 925 t contre 5 070 en août.
Production agricole
On dispose maintenant de statistiques à peu près complètes sur les résultats de la campagne agricole. Nous donnons ci-après les principaux chiffres, en rappelant qu’il convient d’y accorder un crédit assez limité, compte tenu de leur mode de calcul.
La production de céréales à 133 M de quintaux, est inférieure à celle de 1949 (138,5 M) et à la moyenne d’avant-guerre (156 M), par suite des conditions atmosphériques. Les surfaces emblavées en blé ont été en augmentation sur 1949 (4 272 000 hectares contre 4 223 000), mais sont restées au-dessous du niveau d’avant-guerre qui était, en moyenne, de 5 200 000 ha. Les rendements ont été inférieurs à la fois à ceux de l’année précédente et aux prévisions du plan (17,16 quintaux contre respectivement 19,14 et 18,4). Aussi n’a-t-on récolté que 73 M de quintaux de blé, ce qui assure un approvisionnement national suffisant mais risque de compromettre l’exécution par la France de l’accord international en blé : il nous sera en effet difficile d’assurer les quotas d’exportation auxquels nous nous sommes engagés.
Pour les autres céréales, la production d’orge est en progrès constant, tandis que celle de seigle et de sarrasin recule, ainsi que celle d’avoine, cette dernière surtout en raison de la motorisation de l’agriculture, qui provoque une profonde contraction de la demande.
On espère obtenir en Camargue une récolte de riz supérieure à celle des années précédentes. Les importants travaux réalisés dans cette région, en partie au moyen des fonds de contrepartie de l’aide américaine, permettent de réaliser une augmentation constante des superficies cultivées et des rendements. Les résultats pourraient atteindre cette année 400 000 quintaux au total.
La récolte des pommes de terre s’annonce quelque peu supérieure à celle de 1949, quoique de qualité moyenne.
Enfin, pour les vins, on compte sur une récolte de 60 M d’hectolitres environ, niveau jamais atteint depuis la guerre, de qualité correcte dans l’ensemble.
On voit que sur le plan de l’économie en nature la situation de la France est satisfaisante à la fin de 1950. Aucune pénurie n’est plus maintenant à redouter dans aucun domaine. Mais la nécessité où nous sommes d’entreprendre un réarmement massif va peser lourdement sur nos finances publiques et poser dans toute son acuité le problème de la répartition de nos ressources entre les besoins civils et les besoins militaires. Nous nous trouvons, de gré ou de force, orientés vers une économie de puissance, au détriment du bien-être de la nation. ♦