Aéronautique - Les évènements de Corée et d'Indochine - Le réarmement - Les accidents aériens français - Le statut du personnel navigant de l'aviation civile
Le retournement dramatique de la situation en Corée du Nord, qui est intervenu en décembre 1950, va, sans nul doute, ranimer la querelle des partisans et des adversaires de l’aviation arme décisive. L’offensive réussie de MacArthur avait permis aux premiers de triompher, et de démontrer, semblait-il, que la supériorité dans les airs conditionne finalement toutes les victoires en surface. Certains d’entre eux accompagnaient leurs commentaires de prudentes restrictions.
Le général Gérardot, par exemple, après avoir écrit : « Ce qu’il faut donc retenir avant tout de cette guerre, ce qui semble maintenant unanimement admis, c’est que l’aviation tactique, si elle est bien employée, et grâce à ses possibilités d’action en profondeur peut prendre la part la plus importante et la plus efficace dans la mission d’arrêt donnée aux forces aéroterrestres, » ajoutait fort pertinemment : « Mais ce n’est peut-être pas cette évidence déjà connue et dont la réalité n’a jamais été contestée par ceux qui, sur place, ont assisté aux opérations, qui est l’enseignement le plus intéressant et le plus instructif de cette guerre, ou du moins celui qui doit retenir le plus notre attention dans les circonstances actuelles. C’est plutôt, probablement, le fait indéniable, si souvent constaté par les correspondants de guerre que, s’il y avait eu une puissante aviation nord-coréenne, non seulement elle aurait infligé des pertes considérables aux forces américaines, et en particulier à leurs arrières si vulnérables, mais encore qu’elle aurait très vraisemblablement permis aux forces communistes de les rejeter à la mer en leur infligeant un désastre sans précédent dans les annales militaires américaines. » Et il concluait « qu’il était possible de poser en principe qu’une armée équipée à l’américaine doit être assurée d’une supériorité aérienne indiscutable par rapport à l’armée qui lui sera opposée ».
Il semble bien que ce soit dans les mots que nous avons soulignés qu’il faut, en effet, chercher la raison profonde des événements dramatiques qui se sont joués en Corée du Nord. L’emploi de l’aviation, sa tactique, sa technique, ont été jusqu’ici étudiés en fonction de l’armée allemande ou des armées anglo-saxonnes « équipées à l’américaine », c’est-à-dire d’armées donnant le spectacle d’une mobilité à la fois fragile et vulnérable. Fragile, parce qu’elle est, malgré l’illusion des voitures tout-terrain, tributaire de voies de communication modernes, qu’on ne trouve pas en Corée alors que l’Allemagne avait offert ses autostrades et la France son admirable réseau routier. Vulnérable, parce qu’elle présente aux coups de l’aviation des files de convois de plusieurs dizaines de kilomètres qui permettent des hécatombes du genre de celle du fameux corridor d’Orbec [NDLR 2021 : Normandie, 1944].
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