Dans ce regard panoramique qu’il porte sur la gouvernance mondiale et ses errements actuels, l’auteur puise la matière d’une nouvelle pratique des relations extérieures de la France avec son environnement, notamment européen.
Avant-propos - État du monde et incendie à multiples foyers
State of the world: fires breaking out everywhere
In a broad overview of world governance and its current failings, the author looks at a new French approach to foreign relations, notably within the European environment.
Le monde a changé plusieurs fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La France a provoqué ou légitimé, souvent spectaculairement, bien des éléments des grandes évolutions : la déclaration Schuman fondant l’entreprise européenne, la décolonisation sans doute forcée en Indochine mais assez exemplaire au Maghreb pour contribuer à la fin de la guerre américaine au Vietnam, l’association de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique aux Communautés européennes, la détente, l’entente et la coopération d’Ouest en Est en Europe. Si le jeu qu’elle avait ouvert en donnant écho au souhait d’émancipation de la souche française au Canada ou en se retirant de l’organisation intégrée de l’Atlantique Nord ou en refusant la première de reconnaître la carte de la guerre des Six Jours comme le tracé de nouvelles frontières d’État, n’a pas – jusqu’à présent – abouti aux avancées attendues, la France non seulement ne subissait pas ces évolutions mais en tirait le plus grand parti, au moins moral, en se renouvelant comme l’une des grandes voix, le repère qu’à toutes les époques, elle a ambitionné d’être et de demeurer. Elle restait imaginative malgré la multilatéralisation des relations internationales et des dialogues en couples d’État comme celui entretenu avec l’Allemagne depuis 1958 : le serpent monétaire européen, les commencements d’une gouvernance mondiale régulière avec le G7 en témoignent.
Elle est aujourd’hui plus à la peine.
D’abord, sur des sujets très ponctuels ou pour des mutations d’ensemble : conflit israélo-arabe, non-prolifération nucléaire, cours des matières premières et notamment celui du pétrole, réforme monétaire internationale, démocratisation de la gouvernance mondiale et gestion des enjeux planétaires des dérèglements climatiques au mépris des droits de l’homme, la France ne marque plus, ni par elle-même, ni par le truchement d’une Union européenne dont les institutions n’offrent aucune crédibilité politique ni aucune ressource d’indépendance collective aux vieilles nations qui avaient cru efficaces leurs mises en commun. Des traits du tempérament national ou de la personnalité du Président en charge prêtent à la caricature de notre diplomatie. Notre présence demeure mais elle ne contribue pas. Il est vrai que c’est le cas pour la plupart des autres États dont l’influence – ces années-ci – tient plus à un poids démographique, à un marché d’investissement, à une machine exportatrice qu’à un projet universel.
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