Dans cette évocation d’un homme ballotté par l’histoire militaire de la France, l’auteur du dernier Prix Goncourt revendique la mise en roman des récits qui marquent la fin de l’époque coloniale. Il évoque la tâche et le plaisir du romancier qui agit comme couturier du temps et passeur de l’histoire. Lire les premières lignes

  p. 7-9

C’est sans doute le bon moment de se poser des questions sur notre outil militaire et notre appareil de défense. Non que la France, ses intérêts, ses valeurs soient en danger ou qu’elle doive assumer de nouveaux engagements militaires mais parce que, comme tous les cinq ans, le temps est au débat, celui que la démocratie requiert. Il ne faut donc pas s’y dérober même si un nouveau consensus sur la défense s’esquisse. Les candidats à l’élection présidentielle n’ont pourtant pas placé ces questions de défense au cœur de leurs programmes mais ils n’ignorent pas qu’elles sont vitales pour la sécurité de la France et qu’elles constituent le principal poste d’investissements en équipements du pays. Dans leurs analyses, ce dernier point revient souvent, on le comprend. Lire la suite

  p. 1-1

Dans ce regard panoramique qu’il porte sur la gouvernance mondiale et ses errements actuels, l’auteur puise la matière d’une nouvelle pratique des relations extérieures de la France avec son environnement, notamment européen. Lire les premières lignes

  p. 11-16

Présidentielle 2012

S’il est un univers où le mot « valeurs » prend un sens irréductible, l’armée est celui-là. Les femmes et les hommes qui la forment, je sais ce qu’ils valent. Dans ma famille très proche, dans ma région paloise, dans ma vie d’homme, je les ai rencontrés. Je sais ce qu’on peut attendre d’eux. Leur mission n’est comparable à aucune autre car elle implique d’avoir accepté, à l’avance, que cette mission puisse conduire à donner sa vie. Et on ne regarde pas sa famille et ses enfants de la même façon quand on sait ce que la mission peut leur coûter. Lire les premières lignes

  p. 19-22

La responsabilité suprême que la Constitution confère au président de la République, chef des armées, implique une vision, une constance, un sens de l’intérêt général et de la nation. La défense est en effet l’instrument de préservation de notre bien commun : l’indépendance nationale. Cette responsabilité s’inscrit profondément dans l’histoire de notre nation. C’est donc avec respect, conscience des enjeux et volonté de tenir le rang de notre pays dans le monde que je fixe les engagements qui seront les miens si les Français m’accordent leur confiance. Lire les premières lignes

  p. 23-28

Sur la défense et les armées, le général de Gaulle a exprimé, voilà plus de soixante ans, un jugement d’une grande simplicité mais d’une vérité radicale : « La défense est le premier devoir de l’État ! Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ». C’est pourtant vers une telle autodestruction que nous nous acheminons inéluctablement avec la faillite de notre élite politique à maintenir un véritable effort de défense. Il suffit de se pencher sur le programme du Parti socialiste pour prendre la mesure du mépris politique à l’égard des questions militaires et stratégiques : la Défense y figure en 60e et dernière position ! On ne peut mieux résumer cette culture du mépris à l’égard de l’institution militaire. Quant au projet UMP en la matière, c’est simple il n’y en a pas ! Lire les premières lignes

  p. 29-37

Penser la défense de la France implique l’idée que l’on se fait du monde. J’affirme qu’une bifurcation de l’histoire humaine mûrit au coeur des faits qui se donnent à voir aujourd’hui de façon parcellaire. Si les États-Unis d’Amérique ne parviennent pas à briser l’euro et à isoler la Chine – deux questions qui sont liées – leur dette sera insolvable. Alors l’ordre des puissances basculera, ne leur laissant qu’un unique avantage : leur supériorité militaire faites de 700 bases réparties sur les cinq continents. Les États-Unis sont donc le principal fauteur de troubles potentiels de la décennie à venir, comme ils l’ont été de celle écoulée, au cours de laquelle ils ont envahi deux pays et multiplié les provocations face à la Chine et la Russie. Ce danger est, à cette heure, supérieur aux risques de la dissémination nucléaire qu’il aggrave. Lire les premières lignes

  p. 38-42

Reconnaître et soutenir l’engagement des femmes et des hommes. En 2007, je m’exprimais dans votre revue et j’évoquais un monde instable et incertain, caractérisé par la diversification des menaces et par la récurrence des crises. À l’instant où j’écris ces lignes, je pense aux femmes et aux hommes qui font la force de nos armées et qui, depuis 2007, ont dû faire directement face à ce monde, que ce soit au large de la Somalie, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire ou encore en Libye. Il s’agit à chaque fois de contextes différents, d’ennemis, de terrains et d’objectifs différents, mais eux, ils sont toujours au service de la protection et de la sécurité de la France et des Français, ils combattent toujours au nom des mêmes principes et des mêmes valeurs. Lire les premières lignes

  p. 43-48

Tous à tu, tous à toi, tous à tu et à toi ! Dans le duel où s’affrontent, de longue date, nos « deuxièmes personnes », le vous aujourd’hui succombe, le tu tue le vous. De mon temps, les enfants vousoyaient leurs parents et la réciproque s’entendait aussi. L’usage discret qu’on en faisait donnait du sens au tu. Dans l’armée, le respect de la hiérarchie interdisait le tutoiement de grade à grade et même à grade égal. Seule, l’appartenance à une même promotion d’école autorisait le singulier et un colonel attardé se délectait à jeter un tu vengeur à la face d’un général d’armée plus rapide dans la course aux étoiles. À l’inverse, tutoyer le soldat était de bon ton. Lorsque cette pratique fut interdite, de petits chefs tutoyaient encore, au risque de se voir tutoyés en retour. Mais être tutoyé par un grand était un honneur, par lequel les Oulad Bigeard se distinguaient du tout-venant. Lire la suite

  p. 56-56

Recrutement et formation

Recruter et fidéliser dans un contexte de déflation des effectifs et de crise socio-économique est une gageure. En comprendre les ressorts et les leviers est une tâche rendue complexe par la variété des métiers et des filières d’armées redevenues forces d’emploi régulier ces dernières années. Les auteurs nous proposent une analyse fine de la situation actuelle et des évolutions à venir. Lire les premières lignes

  p. 49-55

C’est sous la double influence de la réforme de l’université et de l’accentuation de la professionnalisation de la formation militaire qu’évoluent aujourd’hui les académies militaires, dont l’histoire récente recoupe largement celle de la formation des ingénieurs en France. Lire les premières lignes

  p. 57-61

La mise en place récente d’une formation centralisée des médecins militaires a permis de constituer un nouveau creuset où formation universitaire, esprit militaire et apprentissage social préparent les médecins des armées à leur insertion harmonieuse dans les forces et la société. Lire les premières lignes

  p. 63-68

Le socle de la formation militaire initiale doit être ajusté soigneusement à la nature du recrutement effectué pour préparer le marin à son emploi et rationnaliser les étapes ultérieures de sa formation spécialisée. Une formation à flux permanent nécessite une constante adaptation des cursus pour des effectifs en déflation. Lire les premières lignes

  p. 69-74

Pourquoi les abeilles piquent-elles ? Vaste question. « Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe, elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué », écrivait Jean Paulhan en 1944. Et pourtant elle sait qu’elle mourra. Fichue pour fichue, pourquoi l’abeille ne négocie-t-elle pas ? Mieux encore, pourquoi ne renonce-t-elle pas à piquer, on ne sait jamais, pris de compassion, vous pourriez l’épargner si elle vous livre tout son miel, et sa flotte, et son or, un truc dans le genre Rethondes 1940. D’ailleurs, vous les Français, qui êtes très intelligents, ironisa un jour Churchill, vous avez tout de suite réalisé que vous aviez perdu la guerre ; nous, qui sommes très stupides, nous ne l’avons pas compris et nous avons continué à nous battre. « N’importe quelle autre nation européenne se trouvant dans notre situation aurait depuis longtemps réclamé la paix à cor et à cri », notait ainsi George Orwell dans son War Time DiaryLire les premières lignes

  p. 62-62

Repères - Opinions - Débats

L’œuvre du professeur Coutau-Bégarie est immense et ses disciples sont nombreux. Ils s’attacheront à préserver l’indépendance des deux vecteurs par lesquels il prenait sa part, éminente, du débat stratégique, l’Institut de stratégie comparée et la revue StratégiqueLire les premières lignes

  p. 81-82

Recrutement et formation

C’est une lente intégration de la perspective de reconversion qui s’installe dans le parcours professionnel des armées grâce à l’action soutenue des structures du ministère regroupées désormais au sein de l’Agence de reconversion de la Défense. Le dispositif actuel fonctionnera à plein quand les intéressés (militaires et entreprises) en auront mesuré les vrais enjeux. Lire les premières lignes

  p. 75-78

Derrière l’efficacité militaire collective démontrée par les récents engagements opérationnels des forces armées pourrait se cacher une certaine vulnérabilité individuelle de militaires placés dans un environnement social dont la mutation semble peu favorable au développement des vertus et des comportements de rigueur rustique qu’exige les combats d’aujourd’hui. L’auteur s’en explique et suggère de nouveaux repères identitaires. Lire les premières lignes

  p. 83-88

L’usage souvent abusif de l’anglais et une visible déférence envers la culture militaire américaine dont font régulièrement preuve les militaires français, sont symptomatiques d’une fascination envieuse pour la superpuissance militaire et de l’intériorisation d’une subordination militaire, doctrinale et stratégique. Lire les premières lignes

  p. 89-94

Ce sont souvent des aspects techniques voire théoriques qui viennent réguler les tensions monétaires. Elles laissent le consommateur perplexe. En réalité, ce sont des rapports de force sous-jacents qui conditionnent les ajustements des marchés, conduisent à un état métastable et invitent les puissances émergentes à de nouvelles responsabilités. Lire les premières lignes

  p. 95-103

La question de la vulnérabilité et de l’élongation des approvisionnements énergétiques par voie maritime de la Chine, vitaux pour son développement, pose celle de bretelles terrestres de raccordement d’énergie à l’Asie centrale et de la constitution d’un réseau de bases militaires de protection et de soutien.  Lire les premières lignes

  p. 111-116

La transformation des commissariats des armées en un service unique et centralisé d’administrateurs militaires résulte d’un effort de rationalisation interarmées de structures fortement marquées par l’histoire, les traditions et les nécessités des milieux d’emploi. Mais elle consacre surtout une nouvelle relation entre commandement et administration des armées. Reste à forger l’identité militaire forte que requiert ce service décisif pour l’action opérationnelle des forces. Lire les premières lignes

  p. 104-110

Le triangle stratégique Inde-Chine-Pakistan est traversé de permanentes tensions, liées dès l’origine à des questions frontalières sensibles. Si ces pays jouent aujourd’hui dans la région des jeux d’alliance et de réassurance permanente avec une course aux armements latente, leurs intérêts peuvent aussi converger, à la fois, pour favoriser leurs développements respectifs et prendre une part accrue de la gouvernance mondiale. Lire les premières lignes

  p. 117-122

Les États-Unis ont adopté en janvier 2012 une nouvelle stratégie de défense dans un contexte budgétaire délicat. Présentée par le président Obama, elle constitue un changement de cap aux conséquences géopolitiques majeures pour les années à venir. Passée relativement inaperçue dans les médias, peu commentée par les experts, surtout présentée comme une adaptation de l’outil militaire à une austérité budgétaire croissante, elle est lourde de conséquences pour les équilibres mondiaux. Analyse détaillée.  Lire les premières lignes

  p. 123-127

La crise militaro-politique, intervenue en septembre 2002, a sérieusement affecté les structures et le fonctionnement des forces de défense et de sécurité ivoiriennes. Les exigences de stabilité institutionnelles et la volonté du gouvernement de faire de la Côte d’Ivoire un État de droit exige une restructuration, sinon une remise en question urgente des forces de défense et de sécurité. Lire les premières lignes

  p. 128-132

Compte rendu de l’interview accordée le 20 janvier 2012. Dmitri Rogozine a cofondé et dirigé le parti Rodina au début des années 2000. Après trois années comme représentant permanent de la Fédération de Russie à l’Otan, il est, depuis fin décembre 2011, vice-Premier ministre chargé de la Défense. Lire les premières lignes

  p. 137-139

Revues - Rapports

La carte géopolitique récente dessine une démarcation entre la mouvance modérée, plus ou moins proche des États-Unis et, dans une moindre mesure, de l’Occident et une alliance radicale formée par l’Iran, la Syrie et les partis Hamas et Hizb Allah. Cet axe Téhéran-Damas bénéficie de la compréhension, sinon de la bienveillance de la Russie et de la Chine. Cette dichotomie géopolitique de la guerre froide et de la bipolarité qu’elle a établie dans l’aire arabe a été atténuée, relativisée, sinon remise en question, par la nouvelle conjoncture égyptienne, le nouveau statut de la Libye, reconnaissante du rôle décisif de l’Otan, du jeu de rôle du Qatar et de ses velléités de créer son réseau d’alliances. La présentation d’une résolution arabo-occidentale sur la Syrie, soumise au vote le 4 février, révèle le nouveau positionnement des acteurs du monde arabe. L’épreuve des faits a suscité, en effet, un repositionnement, dans le cadre du compromis du « congrès des amis de la Syrie » (Tunis, 24 février 2012). Mais est-ce que cette volonté de sauvegarder le statu quo, dans le cadre d’une recherche de consensus, peut résister au changement d’envergure, en train de s’accomplir dans l’ensemble de l’aire arabe ? Lire les premières lignes

  p. 135-137

Recensions

Philippe Wodka-Gallien : Dictionnaire de la dissuasion  ; Marines Éditions, 2011 ; 377 pages - Jérôme Pellistrandi

Alors que la France fête le quarantième anniversaire de la première patrouille opérationnelle de son premier SNLE (1), le Redoutable, Philippe Wodka-Gallien, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas), a publié un dictionnaire de la dissuasion qui devrait faire date. Il est difficile ici de résumer en quelques lignes un travail aussi complet que remarquable et qui vient combler un vide éditorial, bien que la littérature sur la bombe atomique soit au final plutôt abondante, y compris avec des productions françaises de qualité. Lire la suite

  p. 141-142

Jean Fleury : Le bourbier afghan : comment en sortir ?  ; Éditions Jean Picollec, 2011 ; 239 pages - Bernard Norlain

Au moment où l’Afghanistan occupe plus que jamais le devant de la scène et où les forces alliées se préparent à en partir, les mêmes questions lancinantes hantent les esprits : comment sortir de ce conflit, que sommes-nous venus faire dans ce pays et quelle vision avons-nous de son avenir ? Lire la suite

  p. 143-144

Jean-Philippe Immarigeon : Pour en finir avec la Françamérique  ; Ellipses, 2012 ; 127 pages - Claude Le Borgne

La Françafrique existait. Elle n’est plus, nous dit-on, ce dont il convient de se réjouir. La Françamérique existe-t-elle ? C’est ce qu’affirme Jean-Philippe Immarigeon et il faut en finir pareillement avec elle. Pour nous en persuader, notre pamphlétaire brille de tous ses feux. « Impossible, pose-t-il en introduction, d’imaginer le monde sans (l’Amérique) ». Pourtant, l’histoire, l’actualité et le sentiment nous obligent à l’envisager. Lire la suite

  p. 142-143

Revue Défense Nationale - Avril 2012 - n° 749

In this description of a man deeply touched by France’s military history, the Prix Goncourt winning author argues for the recording in novel form of stories of the end of the colonial era. He explains the task, and also the pleasure, of the writer who is inspired by the past and the transmission of history.

In a broad overview of world governance and its current failings, the author looks at a new French approach to foreign relations, notably within the European environment.

François Bayrou, candidate for the presidential election, presents his convictions on defence matters.

François Hollande, candidate for the presidential election, presents his views on national defence.

Marine Le Pen, candidate for the presidential election, exposes her ideas on defending France.

Jean-Luc Mélenchon, candidate for the presidential election, presents his ideas on defence questions.

Nicolas Sarkozy, outgoing President of the Republic and candidate for the presidential election, reviews his record and outlines his programme for defence of the nation.

Recruitment and retention at a time of socio-economic crisis, and when personnel numbers are being cut, are almost impossible tasks. Performing them is made even more complex by the variety of trades and channels within the forces that have evolved over recent years. The authors give their analysis of the current situation and of future developments that might be expected.

Under the dual influence of reforms in higher education and greater professionalism in military training, both of which are imposing changes in our military academies, education of engineers in France is changing significantly.

The advent of centralised training for military medical personnel has created a new pool in which university education, military spirit and social interaction prepare forces’ doctors for their future careers in their chosen services and society in general.

The foundations of initial military training need to be carefully aligned to the type of recruitment practised, in order to prepare the sailor for his (or her) future employment and to rationalise the later stages of specialised training. A constant training flow requires continual adaptation of syllabuses to cater for reducing personnel numbers.

The idea of conversion to civilian life after a military career is slowly percolating into professional career paths in the forces with the aid of numerous departments of the Ministry of Defence, which are now working together in what is effectively a conversion agency. What has been put in place will be fully effective once those involved (both military personnel and civilian companies) have grasped the full extent of what is at stake.

Book reviews

Philippe Wodka-Gallien : Dictionnaire de la dissuasion  ; Marines Éditions, 2011 ; 377 pages - Jérôme Pellistrandi

Jean Fleury : Le bourbier afghan : comment en sortir ?  ; Éditions Jean Picollec, 2011 ; 239 pages - Bernard Norlain

Jean-Philippe Immarigeon : Pour en finir avec la Françamérique  ; Ellipses, 2012 ; 127 pages - Claude Le Borgne

Revue Défense Nationale - Avril 2012 - n° 749

C’est sans doute le bon moment de se poser des questions sur notre outil militaire et notre appareil de défense. Non que la France, ses intérêts, ses valeurs soient en danger ou qu’elle doive assumer de nouveaux engagements militaires mais parce que, comme tous les cinq ans, le temps est au débat, celui que la démocratie requiert. Il ne faut donc pas s’y dérober même si un nouveau consensus sur la défense s’esquisse. Les candidats à l’élection présidentielle n’ont pourtant pas placé ces questions de défense au cœur de leurs programmes mais ils n’ignorent pas qu’elles sont vitales pour la sécurité de la France et qu’elles constituent le principal poste d’investissements en équipements du pays. Dans leurs analyses, ce dernier point revient souvent, on le comprend.

On voit bien aussi que cette fois-ci le calendrier électoral impose un changement de législature au milieu d’un gué périlleux, celui d’une crise financière en voie d’être surmontée mais aussi celui des fortes tensions sécuritaires et des craquements d’une gouvernance mondiale en pleine recomposition. La tentation d’une révision organique et budgétaire de notre effort de défense ou d’une pause permettant une respiration budgétaire va donc être contrariée par la nécessité d’engagements rapides dans des voies lourdes d’enjeux. Ce sont les questions du bouclier antimissile, de la cyberdéfense s’agissant de programmes, les ques­tions de l’engagement en Afghanistan et de la posture militaire de l’Europe, s’agissant de la donne politico-militaire. De plus des épisodes récents ont mis en évidence la nécessité de reforger un consensus de défense sur des sujets clés comme le nucléaire, le maillage militaire territorial, la place des militaires dans la société ou le rôle des exportations d’armement dans la sécurité du pays. Voilà bien des matières à réflexion et à débat.

Ces enjeux concernent directement un monde de la Défense en pleine remilitari­sation du fait d’engagements opérationnels intenses, en pleine contraction d’effectifs et à la recherche d’une performance collective qui ménage les identités et les spécificités qu’imposent des terrains d’engagement assez distincts. Le commandement veille sur son « système d’hommes » qui fait l’objet de soins attentifs et d’un accompagnement rigoureux pour amortir autant que faire se peut les distorsions qui peuvent exister entre le militaire et la société dont il garantit la défense et la sécurité. Là est assurément le plus grand défi capacitaire des armées.

On ne peut poursuivre cette réflexion liminaire sans évoquer la mémoire de l’Algérie qui connaissait il y a cinquante ans un épisode décisif de son histoire dont les échos portent aujourd’hui jusqu’à nous le souvenir d’engagements militaires de toutes natures qui ont laissé des peuples blessés et des communautés orphelines.

Adieu enfin à Hervé Coutau-Bégarie, stratégiste, grand ami de la RDN et à Pierre Schoendoerffer, infatigable engagé militaire qui nous quittent. ♦

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Avril 2012 - n° 749

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