C’est sous la double influence de la réforme de l’université et de l’accentuation de la professionnalisation de la formation militaire qu’évoluent aujourd’hui les académies militaires, dont l’histoire récente recoupe largement celle de la formation des ingénieurs en France.
Impacts des réformes universitaires et militaires sur les académies militaires
Impact of military and university reforms on military academies
Under the dual influence of reforms in higher education and greater professionalism in military training, both of which are imposing changes in our military academies, education of engineers in France is changing significantly.
Les académies militaires n’ont pas précédé la création des écoles d’ingénieurs en France mais elles ont fortement inspiré le modèle français de l’ingénieur. La création de l’École Polytechnique (1794) intervient avant la création de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (1802) mais après celle de l’École royale des Ponts et Chaussées (1747) ou encore de l’École royale des Mines (1783). Les principales académies militaires suivront ensuite avec la création de l’École Navale (1830), de l’École des officiers de gendarmerie de Melun (1901) et de l’École de l’Air (1933). Elles occuperont ainsi pendant longtemps l’espace du prestige social de l’ingénieur formé pour l’Armée, la Haute administration ou les Travaux publics (d’État).
Cet ingénieur est formé, suivant la logique plus universaliste que positiviste, par les mathématiques qui donnent bien souvent accès non seulement aux sciences physiques mais encore aux autres savoirs puisque les mathématiques, placées au sommet dans la hiérarchie des savoirs, le permettent. Petit à petit, les écoles d’ingénieurs, pourtant, se démocratisent et se civilisent aussi. À partir de 1880, apparaissent les premières écoles d’ingénieur en chimie, en électricité et en mécanique industrielle. À l’aune de ce qui se passe en Grande-Bretagne où la figure de l’ingénieur est avant tout celle de l’ingénieur civil formé par et pour l’industrie, le système français de formation s’adapte aux nouvelles activités humaines et à leur développement. La formation supérieure des ingénieurs s’organise. Ainsi, en 1934, est créée la Commission des titres d’ingénieurs.
Jusque-là laissées en dehors des universités, les formations d’ingénieurs s’organisent et se multiplient. Les universités se mettent aussi à développer leurs propres filières, habilitées, de formations d'ingénieurs. En 1974, les formations universitaires d’ingénieurs apparaissent à Lille, Montpellier et Clermont. Aujourd’hui, ces formations d’ingénieurs se sont largement développées. En 2008, selon la Conférence des grandes écoles, 42 000 individus sont sortis du système d’enseignement supérieur avec le titre d’ingénieur. Parmi eux, 6 sur 10 sortaient d’une école dont le ministère de tutelle est celui de l’enseignement supérieur et de la recherche, 2 sur 10 d’autres ministères (Agriculture et Défense) et autant d’écoles privées d’ingénieur. Deux changements d’importance sont à relever dans les formations d’ingénieurs en France aujourd’hui. Désormais, plus de la moitié des ingénieurs sortent d’une école après y avoir suivi une formation en cinq ans (classe préparatoire intégrée sans classe préparatoire aux grandes écoles). Le second changement est que les INSA (Institut supérieur de sciences appliquées) de Lyon, Toulouse, Rennes, Rouen, Strasbourg sont par le nombre d’étudiants formés le premier réseau d’écoles d’ingénieurs en France (12 % des diplômés environ).
Il reste 79 % de l'article à lire
Plan de l'article