Aéronautique - Les incidents aériens au voisinage des frontières soviétiques - Le nouvel armement des avions de chasse - L'industrie aéronautique française pourra-t-elle encore produire des moteurs ?
Nous avions signalé l’engagement qui avait eu lieu, au-dessus de la partie nord du Japon, entre avions soviétiques et chasseurs américains du type F-84 Thunderjet. D’autres rencontres ont eu lieu depuis, au-dessus du Pacifique, où les espaces aériens américain et soviétique se touchent. Mais les résultats enregistrés dans ces régions – considérées quelquefois comme lointaines par les Européens – n’ont pas eu le retentissement qu’ont entraîné d’autres engagements qui se sont produits en Europe occidentale au moment où la mort de Staline a été annoncée. Ces derniers ont été assez sérieux puisqu’ils ont entraîné des pertes en appareils et en vies humaines.
D’abord, un F-84 Thunderjet américain a été descendu en flammes par des avions MiG-15 au-dessus de la zone d’occupation américaine en Allemagne. Le F-84 américain était piloté par le lieutenant Warren C. Brown, qui venait d’être affecté à l’une des escadres américaines d’Allemagne après un tour d’opérations en Corée. L’avion alla s’écraser en zone américaine, tandis que son pilote, qui avait pu l’évacuer en parachute, atterrissait, à peu près indemne, non loin de la localité de Falkenstein à environ 25 kilomètres de la limite de la zone soviétique. Cet avion faisait partie d’une patrouille de deux, en vol d’entraînement ; quant aux deux MiG-15 qui ont été repérés, ils étaient pilotés par des aviateurs tchèques. Les déclarations américaines, publiées à la suite de ce sérieux incident, ont indiqué que, d’après la reconstitution d’itinéraire faite grâce aux appareils radar de contrôle, la patrouille américaine à laquelle appartenait l’avion F-84 du lieutenant Brown ne s’approcha jamais à moins de 11 km de la « frontière » et qu’elle avait fait demi-tour pour rentrer à sa base lorsque se produisit l’attaque des avions tchécoslovaques.
Deux jours après, un quadrimoteur à hélices Lincoln, appartenant au Bomber Command de la Royal Air Force, était descendu à son tour dans le couloir aérien Hambourg–Berlin (l’un des trois couloirs qui permettent, selon les accords signés à la fin de la guerre, d’avoir accès à la zone de Berlin à partir de l’Allemagne de l’Ouest en survolant la zone soviétique). Selon les constatations du réseau de contrôle radar et d’après les déclarations de témoins oculaires, l’avion de bombardement a été attaqué au-dessus des territoires de l’Allemagne de l’Ouest. Il était alors sur le trajet retour d’une mission normale d’entraînement à la navigation du temps de paix. En fait, l’avion lui-même s’est écrasé en zone soviétique (on sait qu’un avion désemparé descend rarement à la verticale) tandis qu’un certain nombre de pièces détachées et de documents tombaient en zone occidentale. Les aviateurs russes ont accusé le bombardier britannique d’avoir ouvert le feu le premier, mais les autorités britanniques ont bien précisé que les avions de bombardement effectuant des vols en direction de Berlin, s’ils possèdent leur équipement normal en mitrailleuses, retirent, préalablement au vol, les culasses de celles-ci. Les sept membres de l’équipage ont été finalement tués, encore que certains aient pu être évacués en parachute au moment du combat.
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