Pionnier en Sibérie
M. Jonas Lied est un Norvégien de la race des Vikings. Parti encore tout jeune de son pays pour faire son éducation commerciale d’abord en Angleterre, puis en Allemagne et en France, il fut intéressé un jour par un voyageur rencontré dans un train et qui percevait les immenses possibilités commerciales de la Sibérie. M. Jonas Lied se donna alors tout entier, à partir de 1910, à la véritable besogne de pionnier que constituait l’exploitation des ressources sibériennes. Il établit son centre d’opérations à Krasnoïarsk, sur l’Iénisséi, descendant chaque année ce fleuve, à la belle saison, pour gagner l’océan Arctique où devait se présenter un navire venant de Norvège. Le passage du nord-est venait à peine d’être parcouru. C’était encore un exploit héroïque que d’affronter les glaces pour pénétrer dans la mer de Kara et atteindre l’embouchure du grand fleuve. M. Jonas Lied surmonta toutes les difficultés et avait obtenu des résultats remarquables quand la révolution russe vint anéantir le fruit de ses efforts.
Le récit, passionnant, de bout en bout, est celui d’un homme d’action et, aussi, d’un observateur au regard très aigu. Le tableau qu’il brosse de la Sibérie d’avant la révolution, des traversées des mers polaires, même de son existence en Russie après la prise du pouvoir par Lénine et Trotski, est haut en couleur, émaillé d’anecdotes, d’incidents de tous genres, souvent d’un intérêt palpitant. Comme Ulysse, M. Jonas Lied est revenu finir ses jours dans sa patrie dont il incarne si bien l’esprit aventureux, le courage inflexible, la vaste largeur de vues. C’est un livre à lire. ♦