Le départ vers la Syrie de mineurs français désirant participer au Djihad pose la question du suivi de ces mouvements. Souvent effectués sans consentement des parents et pour des motifs religieux et idéologiques, ces voyages obligent à une traversée de frontière et donc à un contrôle répondant à une responsabilité de l’État.
L’État est-il responsable du départ de mineurs vers la Syrie ? (T 922)
Is the state responsible for the departure of minors to Syria?
The departure French minors to Syria who wish to participate in Jihad raises the question of monitoring these movements. Often carried out without the parents' consent and for religious and ideological reasons, these trips require a crossing of the border and therefore a control responsive to a responsibility of the State.
« Et puis est retourné, plein d’usage et raison,Vivre entre
ses parents le reste de son âge. »
Joachim du Bellay, « Heureux qui, comme Ulysse », Les Regrets
La frontière dérive étymologiquement du « front », la technique militaire consistant à aligner des soldats en position de bataille faisant face à l’ennemi. La connotation martiale du terme a longtemps prévalu jusqu’à céder le pas, au XIXe siècle, à une conception plus spirituelle et pacifique. Il n’était en effet plus question d’étendre les frontières mais de les dépasser, de s’en aller aux confins du monde civilisé pour se retrouver, se construire et revenir, parmi les siens, en homme accompli. Il s’agit évidemment du mythe du voyage initiatique pratiqué par les jeunes aristocrates anglais qui parcouraient avec émerveillement un monde barbare. C’est cette seconde conception de la frontière qui prédomine désormais dans nos sociétés que ce soit d’un point de vue philosophique, économique, littéraire et bien sûr juridique.
Le début de ce siècle et les dangers qu’il charrie, au premier rang desquels figure le djihadisme, remettent drastiquement en cause ce système de représentation et tendent progressivement à réinvestir l’État de sa mission de « faire front », de rétablir les limites afin de protéger les plus faibles, parfois contre eux-mêmes.
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