La question du nucléaire nord-coréen est au coeur des débats stratégiques avec une accélération des programmes conduits par Pyongyang, tant dans le domaine des missiles balistiques que du nucléaire lui-même, avec un sixième test déchaînant les protestations notamment nord-américaines. Mais, de fait, le régime est en train d’atteindre ses objectifs de devenir un État nucléaire sans que la communauté internationale ne puisse raisonnablement obtenir de réelles concessions.
L’Asie de l’Est en proie à la Némésis nord-coréenne (T 925)
East Asia plagued by North Korean nemesis
The nuclear issue in North Korea is at the heart of the strategic debates with an acceleration of programs led by Pyongyang, both in the field of ballistic missiles and nuclear power itself, with a sixth test unleashing protests including North America. But, in fact, the regime is achieving its goals of becoming a nuclear state without the international community being able to reasonably obtain real concessions.
Après l’escalade verbale de début août entre Donald Trump et Kim Jong-un, ce dernier continue à faire graduellement monter la tension autour de la péninsule coréenne. Si le dirigeant nord-coréen n’a pas mis à exécution sa menace de tirer des missiles vers l’île de Guam le 15 août 2017, touchant ainsi symboliquement les États-Unis, il a lancé 3 missiles à courte portée en mer du Japon une semaine plus tard. Puis, poussant sa stratégie de déstabilisation un cran plus loin, le mercredi 30 août il a menacé l’archipel nippon qui a été survolé deux minutes par un nouvel engin balistique. L’approche du 9 septembre, journée nationale dédiée aux célébrations de la création de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) faisait craindre un nouveau coup d’éclat du régime avec la perspective d’un sixième essai nucléaire. C’est chose faite avec la revendication d’un nouveau tir thermonucléaire le 3 septembre.
La signification stratégique de cette dernière initiative est particulièrement forte aux plans internes et externes. Car il ne faut pas se tromper, en défiant Donald Trump et en revendiquant la parité avec la puissance américaine grâce au nucléaire, Kim Jong-un se perçoit comme celui qui apporte à la Corée du Nord sa revanche sur l’histoire. Se posant à l’image de son grand-père, Kim Il-sung, fondateur du pays et de la lignée, comme un nouveau libérateur, il est celui qui modifie les rapports de force découlant des équilibres nés de l’après-guerre et de la guerre de Corée.
Une stratégie asymétrique qui paraît fonctionner
La campagne de tirs menée par la Corée du Nord depuis deux ans avec trois essais nucléaires et une succession de tirs de missiles balistiques intercontinentaux s’adresse en priorité à Washington. Le dirigeant nord-coréen veut faire comprendre qu’au-delà de Guam ou de Tokyo, il a les moyens de viser et d’atteindre les États-Unis. Jusqu’à présent, l’assertion la plus couramment admise était qu’aucune puissance militaire ne pouvait sérieusement envisager une attaque contre des cibles américaines en raison de la certitude d’une frappe dévastatrice en retour. Mais Kim Jong-un semble décidé à mettre en échec ce paradigme fondamental
de la dissuasion qui a présidé à l’équilibre de la terreur durant toute la période de la guerre froide.
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