Septembre est le mois des vendanges, mais c’est aussi la fin de l’été avec ses orages. Cette rentrée est celle des incertitudes, entre menaces terroristes mais aussi escalade en Asie avec une Corée du Nord qui inquiète et un monde en perte d’équilibres stratégiques. Le retour des États puissance et des rapports de force nous rappelle que le Hard Power n’est pas prêt de laisser la place au Soft Power.
Une rentrée sous les orages (T 926)
A return to the storm
September is the month of the harvest, but it is also the end of the summer with its storms. This comeback is that of uncertainties, between terrorist threats but also climbing in Asia with a North Korea that worries and a world in loss of strategic balance. The return of power states and power struggles reminds us that Hard Power is not ready to give way to Soft Power.
Les états de grâce n’ont qu’un temps et celui-ci est de plus en plus court dans nos démocraties occidentales soumises aux rythmes électoraux, mais surtout à l’émotion collective générée par les réseaux sociaux où la prise de recul et d’analyse est désormais absente. À l’inverse, les « démocratures » jouent avec le temps, ayant le sentiment d’avoir retrouvé la maîtrise du temps long et le contrôle de leur opinion publique. Dès lors, la gestion du désordre international n’en devient que plus complexe, alors que les signaux de tension ne cessent de s’allumer un peu partout. De même, à la mondialisation économique inscrite depuis longtemps dans la pratique se rajoute la mondialisation politique, où les élections pour un pays ont un impact dépassant les frontières. Ainsi, en cette rentrée de septembre 2017, les élections fédérales allemandes du 24 septembre sont déterminantes non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour l’Europe et au-delà. A contrario, l’instabilité chronique de l’administration Trump depuis janvier 2017 pèse gravement sur la politique de Washington et constitue une source légitime d’inquiétude pour les chancelleries.
Or, le panorama international n’incite guère à l’optimisme comme le soulignait la revue Questions internationales avec son numéro d’été intitulé : « Le désordre international ». Le retour des nationalismes et des rapports de force est redevenu la règle de fonctionnement. Le « hard power » l’a désormais largement emporté devant le « soft power », remettant d’ailleurs en cause les fondements mêmes de l’Union européenne qui se veut d’abord comme une « soft power », mais dont l’autorité fait désormais défaut dans la conduite des affaires du monde où les poignées de mains viriles entre dirigeants font la une des commentaires journalistiques, à défaut d’une vraie analyse stratégique.
Si au Levant, Daech a reculé en abandonnant Mossoul, il faut rester réaliste et considérer que le califat autoproclamé en 2014 n’a pas encore rendu les armes et conserve un énorme potentiel de nuisance tant régionalement qu’à l’extérieur. Certes, il semblerait que les flux de combattants étrangers aient diminué mais l’essaimage se poursuit en Europe à travers l’accroissement des actes terroristes frappant indistinctement, comme à Barcelone le mois dernier.
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