Notre longue histoire militaire a façonné la personnalité du soldat français au fil des siècles, lui conférant des vertus mais aussi des défauts qui ont alimenté l’imaginaire collectif et créé ainsi une image d’Épinal propre à notre folklore national. Et parmi les qualités que l’on reconnait au soldat français, il en est une paradoxale, malgré le danger de la mort au combat : la gaieté.
La gaieté du soldat français (T 931)
The cheerfulness of the French soldier
Our long military history has shaped the personality of the French soldier over the centuries, giving it virtues but also defects that have fueled the collective imagination and created an image of Epinal proper to our national folklore. And among the qualities that we recognize the French soldier, it is a paradox, despite the danger of death in combat: cheerfulness.
« L’héroïque gaieté éclatait dans toutes ses réponses »
Michelet à propos de Jeanne d’Arc
Quel fut « l’un des plus beaux monuments de l’histoire du XVIIIe siècle », au dire de Maurepas (1), ministre de la Marine de 1723 à 1749 ? Il s’agit du « Régiment de la Calotte », joyeuse société d’officiers fondée en 1702 qui, pendant plus d’un siècle, se constitua en une sorte d’Académie distribuant grades et brevets ridicules pour plaisanter et se moquer. Cet épisode, largement oublié, reflète cependant une longue vérité française : celle de la gaieté du soldat français.
Cette gaieté est immémoriale. L’épée de Charlemagne s’appelait Joyeuse. Louis XIII aimait « cette gaieté célèbre des mousquetaires avec laquelle ils se présentaient à tout ce qu’on leur disait d’attaquer ». Dumas fut leur meilleur avocat. Elle revient sans cesse sous la plume des maréchaux et généraux d’Empire. Après 1870, Zola vantait la « vieille gaieté militaire française » (2). Et pendant la Première Guerre mondiale, le Journal officiel du 16 décembre 1915 consacrait la « claire gaieté française » des troupes.
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