En mai 2007, lors d’un voyage en Méditerranée, George W. Bush évoquait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, incitant ses hôtes à soutenir l’indépendance du Kosovo. Et la Palestine ? Telle est la controverse soulevée dans ce billet par l’essayiste qui est aussi avocat.
Billet - L'œil du cyclone (T 87)
En mai 2007, lors d’un voyage en Méditerranée, George W. Bush, invoquant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, incita ses hôtes à passer en force : « Vous devez dire : ça suffit, le Kosovo est indépendant ! ». Et moi, s’étonna la Palestine toute proche ? Mais vous savez ce que c’est que la vie d’un Président, on court, des conseillers au comble de l’excitation ne cessent de vous presser et on oublie la moitié de ce qu’on avait prévu de faire. Alors on se rattrape devant les Kosovars, ne doutant pas que les Palestiniens comprendront le message.
Or, voilà quarante-quatre ans que ce droit, qu’un autre Président américain amena dans ses bagages en 1919, leur est refusé et que les résolutions onusiennes, dont la violation provoque partout ailleurs l’envoi de nos canonnières, sont bafouées. Mais qui s’en offusque sinon ceux qui, comme chez Molière « s’imaginent que c’est un grand crime que de disposer en fraude de la loi, gens de difficultés, ignorants des détours de la conscience » ? Que penser également des accommodements des autocrates voisins qui laissent faire : envisage-t-on un Nelson Mandela égyptien ou un Vaclav Havel jordanien accepter, à portée de ses canons, la réduction de Gaza ou la mise à sac de Jéricho ?
Si je t’oublie, Jérusalem… On nous dit que certains commencent d’y réfléchir le matin, en se rasant. En aurait-on enfin fini avec ces impératifs fixés aux seuls Palestiniens, cette « liberté conditionnelle » qu’on oublie d’imposer aux autres : prouver par avance qu’on sera viable mais accepter sa condition de bantoustan d’un voisin à qui on abandonnera colonies de peuplement, nappes phréatiques, police du Jourdain et des lieux Saints ? Cesserons-nous également d’entendre ces fastidieux et ridicules prolégomènes aux discours de nos dirigeants, cette sécurité qu’ils promettent à un État d’Israël dont les 3 500 chars et les 150 têtes nucléaires ne suffiraient pas à contenir l’hydre perse ou la gorgone libanaise ?
Va-t-on surtout passer outre à la capitulation du 4 décembre 2010 du successeur de Bush devant la construction de colonies, à son veto solitaire du 14 janvier 2011 devant le Conseil de sécurité ou au vote du Sénat du 15 avril 2011 contre le Rapport Goldstone, derniers sursauts d’une Amérique à contre-courant de l’Histoire ? Occupation et colonisation qui signifient, rappelait Charles de Gaulle dès novembre 1967, « oppression, répression, expulsion », restent ce qu’elles ont toujours été : des insultes à la raison et au bon sens, ombre de Ben Laden ou pas. Il aura tout de même fallu quarante-quatre ans pour se rendre à cette évidence. ♦