Le crime organisé russe s’est développé dans plusieurs directions avec principalement le trafic de drogue, la traite d’êtres humains dont la prostitution. Le blanchiment d’argent fait partie des « grands » savoir faire des mafias russes qui s’appuient sur des diasporas implantées en Europe mais aussi ailleurs et qui investissent de manière frauduleuse dans l’immobilier et les clubs de foot professionnels notamment.
Le crime organisé russe, analyse d’un phénomène transnational (2/2) Renforcement et mondialisation (T 976)
Russian organized crime, analysis of a transnational phenomenon(2/2) Strengthening and globalization
Russian organized crime has developed in several directions with mainly drug trafficking, human trafficking including prostitution. Money laundering is one of the "big" know-how of Russian mafias who rely on diasporas located in Europe but also elsewhere and who invest fraudulently in real estate and professional football clubs in particular.
En s’ouvrant au capitalisme et au libre-échange, la nouvelle Russie a dû faire face aux défis posés par la mondialisation. Certes, la libre circulation des personnes, de capitaux, des biens et de l’information est facteur de croissance, mais elle offre également de vastes opportunités pour le développement du crime organisé à l’international. Ainsi, la Russie des années 1990 est le témoin d’un double processus d’importations illégales de biens (voitures volées, ordinateurs…) et d’exportations illégales (armes et ressources naturelles en particulier). Plus préoccupant encore, les organisations mafieuses tirent profit de la privatisation de larges pans de l’ancien arsenal militaire soviétique pour procéder à la vente illégale d’équipement et de technologies classifiées. Les groupes criminels russes sont d’ailleurs connus pour avoir tenté de vendre un ancien sous-marin nucléaire à un cartel colombien (un moyen de transporter la drogue en toute discrétion), avant que la transaction ne soit interrompue par l’intervention du FBI (cf. BBC). Il semble toutefois que le vol de matériaux nucléaires ait été avant tout le fruit du personnel des installations atomiques. Contrairement aux craintes occidentales, il apparaît que les organisations criminelles ne se soient pas beaucoup intéressées à ce marché. Les risques potentiels se sont révélés bien plus élevés que les gains espérés : le coût de stockage et de transport, la dangerosité des matières manipulées et la facilité pour les autorités à les détecter les ont dissuadés (cf. Daniel Kiffer).
Parallèlement, ces organisations criminelles ont su s’imposer sur le très concurrentiel marché de la drogue. Elles jouent aujourd’hui un rôle prépondérant dans le trafic d’héroïne, tirant profit de la position géographique stratégique du pays (cf. Dennis M. P. McCarthy). Située à l’intersection entre Europe, Asie et Moyen-Orient, la Russie, grande comme 25,5 fois la France, offre une parfaite configuration pour le développement d’activités criminelles transnationales. Ainsi, la Bratva dispose d’un accès privilégié aux marchés de la drogue, à mi-chemin entre les producteurs d’héroïne d’Asie centrale (Afghanistan – qui fournit près de 90 % de la production mondiale d’opiacé –, Pakistan et Iran) et les consommateurs russes et européens. Dès la fin des années 1990, elle est un acteur clé dans le trafic d’opiacés, lorsque les conflits au Moyen-Orient obligent les contrebandiers à trouver des voies plus sûres pour leurs exportations. La « Route du Nord » est alors une alternative durable et sécurisée, la mafia investissant les failles d’une frontière s’étendant sur des milliers de kilomètres (cf. UNODC). Le trafic de drogue n’est pas seulement un enjeu domestique (bien qu’avec 6,5 millions de personnes dépendantes de la drogue, la Russie représente un marché stratégique), c’est aussi un défi pour l’Occident, la « Route du Nord » se prolongeant jusqu’en Europe. Ainsi, on estime qu’un tiers de l’héroïne présente en Europe transite par la Russie (cf. Marc Galeotti, 2017).
Il reste 82 % de l'article à lire