La production éditoriale sur les questions géopolitiques permet de croiser les approches et de mieux comprendre des réalités complexes où se mêlent histoire, politique, société et culture face à des enjeux qui deviennent existentiels dans un monde en crise.
Un tour du monde géopolitique parmi les atlas et revues (T 990)
A geopolitical world tour among atlases and journals
The editorial production on geopolitical issues makes it possible to cross approaches and to better understand complex realities where history, politics, society and culture mingle in the face of issues that become existential in a world in crisis.
L’actualité internationale est si riche qu’il paraît bien délicat d’en rendre compte dans son intégralité. Différents atlas et revues en fournissent cependant une image concise et actuelle. Quel lien existe-t-il entre le Japon, le Brésil, l’Arabie saoudite et le changement climatique ? Le Japon est l’un des gros importateurs du brut saoudien, quant au Brésil, l’Amazonie avec son couvert forestier en voie de diminution joue un important rôle dans la régulation climatique de la planète. Chacun à leur façon, ces trois pays – dont deux prétendent à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU – traversent une période de mutation et doivent affronter une série de défis tant intérieurs qu’extérieurs afin de préserver leur place sur un échiquier international en mutation accélérée.
Le Japon, toujours 3e grand ?
Cette année, le Japon fête les 150 ans du début de l’ère Meiji (1868-1912) pendant laquelle l’archipel s’est ouvert aux innovations techniques et politiques portées par les Nations occidentales dominantes, nous rappelle le géographe Rémi Scoccimarro, maître de conférence en langue et civilisation japonaises à l’Université de Toulouse, dans l’Atlas du Japon, l’ère de la croissance fragile (1). Depuis, le Japon s’est hissé au rang d’État périphérique à celui de 3e puissance économique mondiale. En dépit de la sévère déflation qu’il a subie depuis 1999 et son taux d’endettement public élevé (250 % du PIB, un record mondial !), le pays s’est maintenu à cette place alors qu’il subissait une notable décrue démographique. En effet, après avoir atteint son pic en 2008 avec 128 millions d’habitants, la population nippone décroît de 0,1 % par an et si le taux actuel de fécondité reste à ce niveau (1,4 enfant par femme), la population de l’archipel devrait se réduire d’un tiers d’ici 2060, pour se situer au-dessous de 87 millions. C’est déjà le pays le plus « vieux » du monde, avec une espérance de vie de 86 ans, 55 000 centenaires et la proportion la plus élevée au monde des plus de 65 ans : 26 % contre 18 % en France et 8 % en moyenne mondiale. Ce déclin démographique, se traduit par une baisse annuelle de la population active de 0,2 à 0,3 %. En tout cas, Shinz? Abe, le Premier ministre, a fixé l’objectif de stabiliser la population à 100 millions d’habitants en 2060 en espérant porter le taux de fécondité à 1,8 enfant par femme en augmentant les incitations financières favorisant les naissances et l’accueil des enfants, dans les crèches et jardins d’enfants.
Îlot de stabilité dans un Pacifique Nord-Est agité par les menaces nord-coréennes et l’affirmation de la Chine en mer de Chine méridionale, le Japon qui salue la rencontre envisagée entre l’américain Donald Trump et le nord-coréen Kim Jong-un, se cantonne dans une prudente expectative. Engagé sous la houlette de Shinz? Abe, un réel effort militaire a porté son budget militaire à 39 milliards d’euros ce qui le place au 7e rang des puissances militaires mondiales. Sa marine, avec 46 destroyers, modernes et polyvalents est la deuxième d’Asie après celle de la Chine. Le 1er avril 2017, les restrictions à l’exportation, édictées en 1957, portant sur l’interdiction de ventes d’armes à l’étranger ont été levées. Seul dirigeant à ne pas avoir critiqué Donald Trump avant son élection et premier à lui avoir rendu visite, Shinz? Abe qui avait déjà été Premier ministre entre 2006 et 2007, revenu au pouvoir détient le record de longévité politique à ce niveau au Japon, apparaît le plus fidèle allié du président américain. Il reste à voir si le Japon, pays du seuil nucléaire, sera tenté de sauter le pas, comme l’encouragerait Donald Trump bien avant le processus de désescalade actuel autour de la question nucléaire nord-coréenne. L’annonce du sommet Trump-Kim l’a en effet pris totalement au dépourvu : Shinz? Abe n’avait-il pas invoqué la menace nord-coréenne pour convoquer des élections anticipées en octobre 2017, qu’il remporta haut la main avec 313 sièges sur les 450 que compte la Chambre basse ?
Il reste 73 % de l'article à lire