Un grand serviteur de l’État vient de nous quitter. Henri Martre (6 février 1928-3 juillet 2018) a été tout au long de sa très longue carrière un des grands bâtisseurs de notre Défense, notamment comme Délégué général de l’armement (DGA) de 1977 à 1983 et de notre industrie aéronautique comme PDG d’Aérospatiale de 1983 à 1992 en consolidant le programme Airbus face aux Américains prompts depuis des décennies à affaiblir les projets européens.

De la promotion X 47 à Polytechnique, il a consacré toute sa vie à renforcer la grandeur de l’industrie française dans un esprit d’ouverture à l’Europe et à l’innovation.

En 1980, il considéra important, alors qu’il était DGA, d’informer le candidat François Mitterrand sur les questions de défense et de fait, il succédera en mai 1983 au général Jacques Mitterrand, frère du Président, à la tête d’Aérospatiale.

Il consacrera alors ses efforts à l’aviation civile à travers le programme Airbus. Avec en toile de fond durant la décennie 1990, d’une part la lutte à couteaux tirés entre Dassault et le programme Rafale, concurrent du programme européen qui allait aboutir au Typhoon d’Eurofighter et de l’autre une partie de l’Armée de l’air et d’Aérospatiale poussant au développement de l’ATF (Avion de transport futur), devenu A400M, et à une simple modernisation du Mirage 2000. Cette période d’intenses débats et de restructurations majeures, dans un contexte politique maqué par les cohabitations, aura cependant permis à Henri Martre de souligner à maintes reprises le besoin d’une industrie européenne puissante face à la concurrence américaine.

Henri Martre a joué un rôle majeur comme président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) de 1989 à 1993 (c’est Serge Dassault qui lui succèdera), renforçant l’industrie aéronautique française. Durant les années suivantes, il fut un promoteur ardent au service des entreprises en soulignant dès 1994 dans un Rapport au Commissariat général du Plan intitulé Intelligence économique et stratégie des entreprises toute l’importance qu’il fallait attacher à cette discipline indispensable à la fois pour prospecter et préparer les marchés mais aussi pour se défendre face à des compétiteurs sans scrupule. Le rôle de l’IE est devenu incontournable et un enjeu de souveraineté nationale.

Henri Martre avait publié plusieurs articles dans la RDN dont celui de février 1990 sur Aérospatiale et l’aéronautique mondiale. ♦