Le Brésil est un pays où la criminalité violente est endémique avec environ 60 000 meurtres par an. La sécurité publique est donc un enjeu politique majeur où l’État fédéral doit compter sur l’armée pour appuyer l’action des polices. Les chefs militaires sont conscients de la difficulté d’autant plus que la campagne présidentielle s’accélère en vue des élections de cet automne.
Au Brésil, l’Armée fait la police (T 1025)
In Brazil, the Army is the police
Brazil is a country where violent crime is endemic with around 60,000 murders a year. Public security is therefore a major political issue where the federal government must rely on the military to support police action. The military leaders are aware of the difficulty especially as the presidential campaign is accelerating for the elections this fall.
Aucun conflit au monde, pas même la guerre en Syrie, ne fait plus de morts que l’insécurité au Brésil (60 000 homicides par an). Le Brésil s’enfonce depuis plusieurs décennies dans un bourbier sécuritaire que les autorités publiques peinent à résoudre. Dès qu’une flambée de violence surgit, ou lorsque la police fait défaut, l’Armée est sollicitée, dans un réflexe qui frôle la pensée magique. Un cap inédit vient cependant d’être franchi.
Le président Temer, le 16 février 2018, a destitué l’État de Rio de Janeiro de ses pouvoirs en matière de sécurité publique. C’est la première fois que cette mesure d’exception, dite « intervention fédérale », est décrétée depuis la signature de la Constitution de 1988. Elle permet au gouvernement central de pouvoir prendre le contrôle de prérogatives qui relèvent des États lorsque, entre autres raisons, se constate « une grave violation à l’ordre public ». C’est le général Braga Netto qui a été nommé interventor jusqu’au 31 décembre 2018. Il est dépositaire du pouvoir fédéral, dispose des forces de police et de l’Armée, et a pour rôle de mener la politique de sécurité publique dans l’État de Rio. L’objectif affiché est d’enrayer l’explosion de la violence.
Les motivations de l’intervention doivent toutefois être questionnées. Le carnaval, qui a été émaillé d’une recrudescence d’actes violents, a été invoqué ; mais cela demeure anecdotique. Pourquoi intervenir à Rio ? Nombre d’États, ceux du Nordeste en particulier, affichent des indices de violence bien plus élevés : 38 homicides pour 100 000 habitants dans l’État de Rio, où les taux sont même en baisse depuis 2005 (cf. Atlas da violencia), contre près du double dans le Sergipe (64 pour 100 000). Plus qu’une prétendue lutte contre l’explosion de la violence, le choix de Rio est surtout symbolique et tient à son statut de vitrine du Brésil à l’international.
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