La Libye est désormais un « trou noir » où les rivalités internes mais aussi exogènes ne permettent pas de reconstruire un État et des institutions permettant un mieux-être pour la population. Il est nécessaire que les acteurs extérieurs, à commencer par la France et l'Italie, se parlent et contribuent à mettre en commun leurs propositions et les actions sur le terrain.
L’émulation désordonnée franco-italienne sur le dossier libyen (T 1039)
The messy Franco-Italien emulation on the Libyan case file
Libya is now a "black hole" where internal but also exogenous rivalries do not allow rebuilding a state and institutions for the betterment of the population. It is necessary for external actors, starting with France and Italy, to talk to each other and to share their proposals and actions on the ground.
Sept ans après le déclenchement de l’opération Aube de l’Odyssée de 2011, les progrès sur les fronts politiques, sécuritaires et économiques se font attendre. La guerre civile libyenne est liée à l’échec de l’État post-Kadhafi, à son incapacité à établir une autorité effective et à son impuissance pour réduire les divergences profondes sur la structure politique du pays. Une dynamique vertueuse était envisageable en décembre 2015 avant l’entrée en vigueur d’un accord politique visant à la mise en place d’un gouvernement d’entente destiné à préparer l’organisation d’un référendum sur le projet de Constitution et, dans la foulée, des élections législatives. Maintenant les perspectives sont de plus en plus incertaines. Le résultat net a été une accumulation de facto de leaders de la transition ayant des revendications de légitimité concurrentes et qui se sont enfermés dans une lutte politique peu concluante.
Très actif, sur la scène diplomatique, le président français, Emmanuel Macron, vient en quelque sorte conforter son plan de sortie de crise libyenne qui prévoit lui aussi la tenue d’élections législatives et présidentielles sous supervision internationale avant la fin de l’année 2018. Sur le papier, la Conférence de Paris (mai 2018) est une nouvelle victoire pour la France qui montre, au moins au plan diplomatique, qu’elle mène le jeu dans l’affaire libyenne. Le désir de relancer le plan du représentant de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, pour des élections dans l’année est infiniment plus complexe dans la réalité.
La nouvelle feuille de route commune est centrée sur le processus électoral, élément clé de la stratégie de sortie de crise du chef de la mission de l’ONU. La déclaration commune contient un préambule et huit paragraphes d’engagements dont six sont liés au processus des prochaines élections générales présidentielles et législatives qui auront lieu le 10 décembre 2018. Les autres engagements concernent l’unification des institutions de l’État, y compris les institutions militaires et sécuritaires ainsi que la Banque centrale libyenne ; elles prétendent mettre fin à la duplication des institutions gouvernementales (cf. Azza K. Maghur). Cependant, l’accord conclu entre les plus importants dirigeants libyens, mais sans signature officielle, est une déclaration d’intention qui n’attend que l’épreuve des faits (cf. Roberto Bongiorni).
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