La mise à l’eau du premier sous-marin brésilien de type Scorpène, le Riachuelo, construit avec l’appui de Naval Group, constitue une étape décisive dans la modernisation de la marine du Brésil et un jalon important pour le renforcement des capacités de protection de la souveraineté du géant sud-américain.
Le Riachuelo : premier Scorpène brésilien (T 1064)
© Ministère de la Défense du Brésil
The Riachuelo : first Brazilian Scorpen
The launching of the first Scorpene-type submarine, the Riachuelo, built with the support of Naval Group, is a decisive step in the modernization of the Brazil's and an important milestone for the strengthening of protection the South American giant's sovereignety.
La mise à l’eau du premier sous-marin Scorpène de construction brésilienne, le S40 Riachuelo, le vendredi 14 décembre 2018, en présence du président brésilien Michel Temer et de son futur successeur Jair Bolsonaro (élu le 28 octobre 2018 et prenant ses fonctions le 1er janvier 2019), marque une étape spectaculaire pour le Programa de Desenvolvimento de Submarinos (Prosub). Initié en décembre 2008, il porte sur la construction de 4 sous-marins et d’un appui technique pour le développement d’un sous-marin nucléaire d’attaque (hors chaufferie nucléaire). Ce contrat représente 6,7 milliards d’euros pour DCNS, devenu depuis Naval Group.
Dans un premier temps, il a fallu mettre à niveau la Base industrielle et technique de défense (BITD) brésilienne avec la création d’une coentreprise Itagai Construcoes Navais (ICN) entre Odebrecht (59 %) et Naval Group (41 %). La construction d’une base navale à Itaguai (au Sud-Ouest de Rio de Janeiro) a constitué un des éléments principaux pour le bon déroulement du Prosub. Un autre axe a été la formation de personnels brésiliens, militaires et civils, en s’appuyant sur les compétences développées à Cherbourg. Environ 250 officiers, ingénieurs et techniciens ont bénéficié de stages leur permettant de dérouler la construction des sous-marins. De plus, Naval Group a fourni 4 simulateurs tactiques développés à Angoulême pour l’entraînement des futurs équipages. Ainsi, l’équipage du premier sous-marin a débuté sa formation en octobre.
La découpe de la première tôle est intervenue en 2011. L’acier utilisé est le HLES 80 identique à celui utilisé pour les SNA français de la classe Rubis. Des éléments ont été construits à Cherbourg avec un transfert progressif de technologie. Le chantier a pris du retard, notamment en raison de la crise économique qui a frappé le Brésil et des suites des affaires de corruption ayant touché le groupe de BTP Odebrecht. Initialement, la mise à l’eau du bâtiment tête de série était prévue en 2015.
Le Scorpène brésilien est dérivé du Scorpène standard avec cependant un déplacement plus important : 1 870 tonnes contre 1 700, pour une longueur de 71,6 m. Son équipage est constitué de 35 marins et le sous-marin peut naviguer 240 jours par an.
À ce jour, 14 Scorpène ont été produits ou sont en assemblage (Chili et Malaisie : 2 exemplaires chacun ; Inde : 6 bâtiments dont 1 en service, 1 en essais à la mer et les autres en assemblage).
Le Riachuelo – du nom d’une bataille navale gagnée le 11 juin 1865 contre le Paraguay – doit entamer ses essais à la mer en 2019 et être admis au service actif (ASA) en 2020. Il pourra mettre en œuvre 18 torpilles F21 (Naval Group) et 8 missiles SM39 Exocet (MBDA) à partir de 6 tubes. Les 3 autres Scorpène suivront selon le calendrier suivant :
– S41 Humaitá (siège victorieux d’une forteresse paraguayenne du 2 novembre 1867 au 25 juillet 1868) mis à l’eau en 2019 et ASA en 2020,
– S42 Tonelero (victoire navale contre l’Argentine le 17 décembre 1851) en 2021,
– et S43 Angostura (victoire terrestre contre le Paraguay le 27 décembre 1868) en 2022.
Le S40 Riachuelo reprend le nom du sous-marin S22 de la classe britannique Oberon et qui a été en service de 1977 à 1997. La nouvelle classe viendra renforcer les 4 sous-marins Tupi dérivés des U209 allemands choisis en 1979 (construits par Howaldtswerke-Deutsche Werft, intégré à TKMS en 2005), entrés en service entre 1989 et 2005 et qui font l’objet d’un plan de modernisation. Un cinquième sous-marin dérivé des Tupi, le S34 Tikuna (peuple amérindien), complète l’escadre actuelle.
La sous-marinade brésilienne a ainsi une longue histoire derrière elle puisqu’elle débute en 1913 : les premiers sous-marins acquis étaient de construction italienne. Après la Seconde Guerre mondiale, le Brésil a mis en œuvre des sous-marins d’origine américaine puis anglaise.
La prochaine étape, outre l’admission au service actif des Scorpène, sera la construction du SNA de conception nationale (avec l’appui de la France). Le SN10 Alvaro Alberto (amiral et scientifique brésilien, 1889-1976) pourrait être mis à l’eau en 2029. Son réacteur est conçu par le centre expérimental Arama installé à Ipero, dans l’État de Sao Paulo. Ses dimensions prévues seront un déplacement de 6 000 tonnes pour une longueur de 100 m.
D’ici là, 2 autres Scorpène pourraient être commandés pour compléter la flotte des 4 prévus. ♦