Traiter avec la Corée du Nord et l’Iran demande beaucoup de cynisme et de réalisme, tant la convergence stratégique existe entre ces deux États. Les États-Unis le font même si les succès ne sont pas forcément au rendez-vous. Par contre, l’Europe se trouve très marginalisée au point de constituer une cible potentielle pour Pékin. Le Soft Power européen s’effrite face aux exigences de ces États peu enclins à négocier.
Traiter avec la Corée du Nord et l’Iran : âmes fragiles s’abstenir !
Approche pragmatique américaine contre paradigme multilatéraliste européen (T 1076)
Approche pragmatique américaine contre paradigme multilatéraliste européen (T 1076)
Dealing with North Korea and Iran: Fragile Souls Abstain! American Pragmatic Approach against European Multilateral Paradigm
Dealing with North Korea and Iran requires a lot of cynicism and realism, as there is so much stratehic convergence between these two nations. the United States does it even if the successes are not necessarily visible. On the other hand, Europe finds itself so marginalized to the point of constituting a potential target for Beijing. The European soft power is crumbling to the demands of those states not willing to negotiate.
Alors que les préparatifs d’un autre sommet sur la dénucléarisation entre le président des États-Unis Donald Trump et le chef de la Corée du Nord Kim Jong-un battaient leurs pleins dans le courant du mois de février, de plus en plus de signes ont indiqué que ni les stratégies de coercition, ni les stratégies de coopération ne semblent avoir eu d’effets sérieux sur les efforts de lutte contre la prolifération. Cela vaut pour les deux alliés de facto du nucléaire et du balistique, la Corée du Nord et l’Iran. Outre le fait que les deux pays ont une longue et riche histoire de coopération technique dans ces domaines, avec la Corée du Nord en tête, les deux pays sont confrontés à un ensemble d’initiatives, souvent divergentes, provenant des États-Unis et de l’Union européenne, mettant en œuvre une série d’alliances locales et régionales très complexes. Dans les deux cas, le soutien de base de la Chine, et parfois de la Russie, à l’Iran comme à la Corée du Nord joue un rôle important dans la portée des négociations.
Quoi qu’il en soit, aucune des stratégies revendiquées par l’UE, soucieuse de multilatéralisme, et des États-Unis, engagée plus souvent dans des opérations bilatérales et dans une rhétorique de confrontation, ne semble avoir encore abouti à des résultats significatifs. Dans les deux cas, les divergences entre l’UE et les États-Unis ont également ouvert la voie à la consolidation d’une convergence stratégique entre la Corée du Nord et l’Iran ainsi qu’avec leurs sponsors et alliés, régionaux et internationaux. Face à une telle opposition persistante, la position dure adoptée par les États-Unis, encouragée par les attentes du Sommet de Hanoï, et précédée de la rencontre historique à Singapour entre les deux chefs d’État en juin 2018, pourrait permettre d’obtenir des résultats tangibles à moyen et à long termes. Le sommet en cours et les pourparlers qui lui feront suite permettront de vérifier ces perspectives.
Un rapport récent des Nations unies, préparé par le comité des sanctions du Conseil de sécurité, mentionne une « tendance constante de la RPDC à disperser ses sites de montage, de stockage et de test » (cf. Nichols et Brunnstorm) afin de dissimuler la poursuite de programmes balistiques nucléaires. Le rapport de l’ONU indique également que le régime nord-coréen a toujours défié activement les résolutions du Conseil de sécurité en « augmentant considérablement le nombre de transferts illégaux de pétrole et de charbon de navire à navire », citant même l’exemple d’un transfert de plus de 57 600 barils équivalent à plus de 5,7 millions de dollars. À cet égard, la politique américaine du bâton et de la carotte, qui a provoqué des tensions fortes entre les deux pays au cours des deux dernières années, semble avoir eu peu d’effets, bien qu’un certain optimisme ait été exprimé par les États-Unis lors des réunions de février. Le rapport de l’ONU démontre que les objectifs des pourparlers tenus depuis la réunion nord-américaine de juin 2018 à Singapour, à savoir la dénucléarisation de la péninsule en échange d’un engagement sérieux des États-Unis en matière de sécurité préservant la sécurité stratégique de Pyong Yang, sont loin d’être atteints. Néanmoins, l’initiation d’un canal de communication présidentielle direct, jusque-là inexistant et régulier, a été mise en place avec succès, et c’est en soi un exploit à célébrer. La décision bilatérale et pragmatique pourrait même constituer une nouvelle occasion de consolider l’environnement stratégique, le président Trump envisageant d’inviter son homologue chinois Xi Jinping à une réunion après les pourparlers nord-américains avec la Corée du Nord. Cela donnerait l’occasion de mesurer dans quelle mesure la Chine, engagée dans un conflit commercial direct avec les États-Unis, serait disposée à exercer des pressions sur son allié nord-coréen, l’utilisant éventuellement comme un levier dans ses querelles avec les États-Unis.
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