Margaret Thatcher a laissé une trace profonde dans l’histoire politique britannique contemporaine. Outre sa détermination durant la guerre des Malouines, elle a fait des choix importants dans le domaine de la défense qui dimensionnent encore l’appareil militaire du Royaume-Uni. Entre un atlantisme affirmé et une volonté farouche contre le bloc soviétique, ses décisions ont été durables avec des aspects positifs notamment pour la dissuasion nucléaire et quelques erreurs dont la diminution du budget de la défense entraînant une réduction des effectifs et des moyens.
Margaret Thatcher : quels choix pour la défense britannique ? (T 1092)
Margaret Thatcher: Which Choices for British Defense?
Margaret Thatcher left a deep mark in contemporary British political history. In addition to her determination during the Falklands war, she made some important choices in the area of defense that still size the United Kingdom's military devices. Between an affirmed Atlanticism and a fierce will against the Soviet bloc, her decisions have been durable with positive aspects especially for nuclear deterrence and some errors, including a decrease in the defense budget resulting in the reduction of their workforce and other means.
Le 28 novembre 1990, Margaret Thatcher (1925-2013) perd la bataille de la confiance. La remise en cause de son leadership par une partie des élus conservateurs (Tories) la contraint à de nouvelles élections dont les résultats du premier tour laissent présager sa défaite qu’elle se refuse à leur offrir. Elle démissionne après onze ans, six mois et vingt-quatre jours à la tête du gouvernement de Sa Majesté et quitte la résidence du 10 Downing Street. Quarante ans après son arrivée au pouvoir le 4 mai 1979, son héritage politique reste indéniablement lié aux réformes économiques et sociales mais aussi aux choix militaires et diplomatiques qui ont résolument bouleversé la défense britannique.
Un rôle international à réaffirmer
Ayant évolué dans un contexte international marqué par la guerre froide, Margaret Thatcher, quoique culturellement éloignée des questions de défense, se forge une certaine conception des enjeux stratégiques qui entourent son pays : « pour moi, les droits à l’autodétermination nationale et à l’autodéfense […] sont au cœur de tout ordre international équitable – et, au moins aussi importants, de tout ordre international stable » (Mémoires, tome II). Première dirigeante d’un gouvernement d’Europe occidentale, elle hérite en 1979 d’un pays qui a perdu de sa superbe et de son aura internationale confrontée à la réalité selon laquelle « la Grande-Bretagne ne figurait plus parmi les puissances mondiales » (cf. Henry Kissinger). En effet, pour le Royaume-Uni, la fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début d’une dépression économique significative à laquelle s’ajoute la dislocation d’un Empire colonial frappé des aspirations indépendantistes avec la perte de l’Inde (1948), du protectorat en Palestine (1948), de la Malaisie (1957), du Kenya (1952-1963), de Chypre (1955-1960) et du Brunei (1962). L’ordre établi qui prévalait jusqu’alors vacille et marque un tournant symbolique pour cette puissance dont l’hégémonie reposait sur un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Un bouleversement géopolitique derrière lequel ne se cachait guère l’influence de l’Union soviétique dont la crise de Suez au cours de l’été 1956 reste la parfaite illustration.
La nationalisation du canal de Suez à la frontière égyptienne par le colonel Abdel Nasser (1918-1970), paralyse l’axe maritime essentiel à l’économie britannique qui contraint Londres et Paris à dépêcher un contingent de 79 000 hommes. L’opération Musketer (Mousquetaire) se solde par un échec retentissant, faute du soutien des États-Unis, qui accentue l’impuissance du Premier ministre d’alors Anthony Eden (1897-1977), pour qui « la débâcle de Suez, […] marqua le déclin du rayonnement de son pays. »
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