Malgré les apparences, ou malgré ce que l’Occident voudrait bien croire, après sept ans de présence pour y assurer à grand prix la paix et la reconstruction, le Mali est encore un pays en guerre. C’est un pays déchiré par les conflits internes et la menace des groupes terroristes, en raison d’une situation économique et sociale que les institutions ont été incapables d’améliorer.
Mali : désillusions sécuritaires (T 1098)
Mali: Security Disillusions
Despite appearances, or despite what the West would like to believe, after seven years of presence to ensure peace and reconstruction at a great cost, Mali is still a country at war. It is a country torn by internal conflicts and the threat if terrors it ground, because of an economic and social situtatuon that instituons have been unable to improve.
Depuis le coup d’État militaire survenu le 22 mars 2012 à Bamako qui a vu le renversement de l’ex-président de la République, Amadou Toumani Touré, le Mali, déjà confronté à de multiples crises sur son territoire, a entamé une descente aux enfers. L’incapacité de l’État malien à assurer le monopole de la violence légitime et à couvrir ses missions régaliennes dans un territoire mal pourvu et déshérité a fait surgir une conflictualité endémique régionale. Les différents cycles de rébellions touarègues, qui divisent le Mali depuis son indépendance dont la quatrième amorcée en janvier 2012, ont favorisé une prolifération des groupes djihadistes et développé des foyers de violence et d’insécurité sous plusieurs formes. L’islamisme, le terrorisme, le banditisme, les trafics en tous genres résultant de l’effondrement du régime du colonel Kadhafi à la suite de l’intervention militaire (mars-octobre 2011) de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Otan, venus au secours des démocrates libyens, la multiplication des milices communautaires Arabes, Songhaïs, Touaregs et Peuls, sous fond de rapports de force intercommunautaires et intertribaux circonstanciels et fluides maintiennent le Mali dans un champ de bataille sans fin. Les interventions internationales multiples ne débouchent pas sur un apaisement de la situation. Dans ces conditions, la paix semble lointaine et le Mali est-il proche du point de non-retour ?
Un État en déliquescence
Le Mali est-il en train de devenir une zone grise ? Dans son Dictionnaire de l’espace politique, Stéphane Rosière se hasarde à sortir la zone grise de l’ombre : « En géopolitique, cette expression est souvent utilisée pour désigner des espaces peu ou mal contrôlés par le pouvoir central (un État) […] Elle souligne un des grands paradoxes de la mondialisation qui génère insécurité et perte de contrôle dans de nombreuses périphéries du système-monde » (cité par Christian Bouquet, p. 29). Le cas malien est un condensé des dynamiques guerrières à l’œuvre en Afrique et qui traduit les ratés de l’État occidental. Ici, l’État recule dans ses pouvoirs, dans ses moyens, dans son territoire. Au retrait de l’État, qui touche d’abord les périphéries, succèdent l’ordre des seigneurs de guerre, les fractures communautaires
et une économie criminelle qui tendent à se territorialiser. Diffus dans la mondialisation, les acteurs criminels et belligènes trouvent dans la rupture politique malienne l’occasion de s’imposer dans des zones grises en proie à des conflits ou victimes d’un effondrement de la gouvernance politique.
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