Engagée dans un conflit meurtrier depuis 2011, la Syrie s’efforce de trouver des alliés dans la région ou du moins de raviver des liens permettant une sortie de crise à terme. C’est ainsi que Damas a retrouvé le chemin des Émirats arabes unis, partenaires commerciaux de premier plan et abritant une diaspora importante. C’est aussi une opportunité pour les EAU de s’affirmer dans une région complexe où tous les acteurs ont des intérêts divergents sur certains sujets, mais aussi convergents sur d’autres.
Comment les Émirats arabes unis sont devenus, curieusement, le partenaire privilégié de Damas (T 1186)
Drapeaux syrien et émirati © Oleksii - Adobe stock
Engaged in a deadly conflict since 2011, Syria is trying to find allies in the region or at least to rekindle ties allowing a way out of the crisis in the long term. This is how Damascus found its way back to the United Arab Emirates, leading trading partners and home to a large diaspora. It is also an opportunity for the UAE to assert itself in a complex region where all the actors have divergent interests on certain subjects, but also convergent on others.
Après neuf années de guerre, la Syrie est revenue à ce que l’on peut appeler un autoritarisme stable, avec le maintien de Bachar el-Assad au pouvoir et la défaite de Daech. Pour Abu Dhabi, l’opportunité était trop belle afin de permettre à Mohamed Ben Zayed (MBZ) d’enclencher partenariats et accords militaires et économiques avec Damas. Une alliance pragmatique ? Pas si sûr, tant les Émirats opèrent, parfois via la Russie, des rapprochements depuis un an avec l’ennemi régional, l’Iran – et du coup ses alliés, dont la Syrie fait assurément partie du cercle des proches. Mais peut-être, aussi, pour les refaçonner à son image.
Pour comprendre ce revirement, il faut revenir sur l’évolution des relations entre la Syrie et les Émirats arabes unis (EAU), qui sont significatives de l’intérêt majeur, avant tout économique, qu’Abu Dhabi porte à Damas. Depuis le 8 janvier 2019, les ambassades émiraties et bahreïnies ont déjà réouvert à Damas, alors que beaucoup de chancelleries occidentales résistent encore (1). Version officielle : contrer l’influence iranienne. En dehors du respect du droit international, MBZ, une fois encore, brave toutes les résolutions et sanctions des Nations unies qui condamnent la Syrie. En réalité, il a fait son choix sur ce dossier entre Moscou et Washington : l'accord du 15 mars 2019 entre la Russie et les EAU ouvre les portes de ce pays détruit à Abu Dhabi, qui est désormais son premier partenaire économique (2).
Il est loin le temps où les EAU soutenaient les groupes rebelles au régime de Bachar el-Assad en 2011. En effet, d’une position relativement ambiguë, où les EAU soutenaient clairement l’opposition au dictateur syrien, Abu Dhabi maintenait tout de même des relations avec Damas. L’arrivée de la guerre au Yémen a fait progressivement se retirer les EAU du terrain syrien avant de s’y réengager agressivement, économiquement, et sans grande humanité, depuis la fin de la guerre et excité par le champ des possibles économiques. Business is business.
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