Dans ce texte, Roberto Nayberg analyse le déclin de la puissance française, amorcé dès le XVIIIe siècle, en mettant en lumière les choix stratégiques hésitants de l’époque. La France oscille alors entre une stratégie continentale, visant l’expansion en Europe, et une stratégie maritime et coloniale, axée sur l’affrontement avec la Grande-Bretagne. Ce constat invite à réfléchir sur la nécessité, encore aujourd'hui, d’une vision claire et adaptée aux évolutions géopolitiques pour préserver la place de la France sur la scène internationale.
The Choice of a 'Grand Strategy' for France or the Detours of Power (T 1244)
In this text, Roberto Nayberg analyzes the decline of French power, which began in the 18th century, highlighting the hesitant strategic choices of the time. France wavered between a continental strategy, aimed at expanding in Europe, and a maritime and colonial strategy, focused on confronting Great Britain. This observation invites reflection on the need, even today, for a clear vision adapted to geopolitical changes to preserve France's position on the international stage.
On date souvent, avec de solides raisons, le début du déclin de la France de la signature des traités de paix de 1815, qui furent la conséquence logique des défaites militaires des années 1812 à 1815. Depuis lors, continûment sur un siècle et demi bien qu’avec des vicissitudes diverses, la puissance relative de la France s’est érodée, pour finir par s’effondrer avec le désastre cataclysmique de 1940.
Et de fait, à partir de ce moment, cette puissance, qu’on la mesure à l’aune de la démographie, des forces armées ou de la richesse nationale, ne fut plus jamais, toujours exprimée en termes relatifs, celle qui existait encore à la veille de la Révolution, sans même parler des grandes heures du règne de Louis XIV. Allons plus loin : le potentiel de la puissance française, tel qu’on peut l’estimer à la mort de Vergennes en 1787, avait diminué dans des proportions considérables trente ans plus tard, avec une France corsetée dans des frontières désormais intangibles au Nord et au Nord-Est de son territoire métropolitain, une vitalité démographique ralentie et un dynamisme économique moindre que celui de la Grande-Bretagne, puis d’autres parties de l’Europe septentrionale.
Toutefois, il nous semble que si les causes profondes de cette situation sont à rechercher dans l’évolution des diverses composantes qui sous-tendent et constituent cette puissance, tout au long des XIXe et XXe siècles, et si les causes immédiates doivent s’analyser sur la période révolutionnaire et impériale, elle résulte pour une part importante, et peut-être essentielle, des orientations conscientes ou inconscientes qui furent prises dans la période antérieure, c’est-à-dire dans le demi-siècle qui a précédé la Révolution. Les autorités responsables, soit le roi et un tout petit nombre d’hommes, opérèrent alors des choix décisifs afin de définir et de conduire la politique générale de la France en matière de politique étrangère, dans le cadre de ce que nous appelons de nos jours une « grande stratégie ». Ce sont ces choix que nous voudrions mettre en lumière.
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