© GettyImages / peterschreiber.media
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les différences culturelles et politiques dans la gestion sanitaire mondiale, tout en révélant des faiblesses structurelles dans l’industrie pharmaceutique européenne, notamment une dépendance critique aux importations de principes actifs. Elle a également souligné l’urgence de renforcer la souveraineté sanitaire européenne en s’inspirant des modèles de défense, via des stratégies de relocalisation ciblée, des stocks stratégiques, et une collaboration accrue entre acteurs publics et privés. Cette crise constitue une opportunité de renforcer l’intégration européenne dans le secteur de la santé, tout en affirmant un rôle géopolitique accru pour l’Europe à l’international.
The Sovereignty of Health (T 1322)
The Covid-19 pandemic highlighted cultural and political differences in global health management while exposing structural weaknesses in the European pharmaceutical industry, particularly its critical dependence on imports of active ingredients. It also emphasized the urgency of strengthening European health sovereignty by drawing inspiration from defense models through targeted relocation strategies, strategic stockpiles, and increased collaboration between public and private stakeholders. This crisis represents an opportunity to strengthen European integration in the health sector while asserting a greater geopolitical role for Europe on the international stage.
Les récents événements dans le domaine sanitaire* ont mis en exergue des différences d’approche, de méthodes liées à la gouvernance politique, à la culture et à l’histoire, mais aussi sur le besoin d’une nouvelle articulation entre l’industrie pharmaceutique, les pouvoirs publics et les organismes internationaux. La pandémie du coronavirus, unique dans l’histoire récente de l’Europe par son impact global notamment, a révélé de nouveaux axes de coopération dans le but de renforcer la souveraineté de la santé au niveau national mais surtout Européen.
Anthropologie de la santé
La presse s’est fait l’écho de l’évolution de la Covid-19, des mesures prises par les nations, leurs gouvernements, des manquements observés ici et là, et surtout, a permis de mettre en avant les prismes culturels de chacun. Phénomène global qui a engendré une interprétation de l’autre, réparti aux quatre coins du monde, afin de donner du sens à une situation exceptionnelle et globale. Comprendre l’autre, ses actions, ses décisions locales et à l’international, sa capacité à résister et protéger : voilà ce que l’on peut appeler le phénomène interculturel que nous vivons depuis le début de la pandémie et dont les médias sont le véhicule principal de nos interrogations.
C’est ainsi que l’Australie a retrouvé des frontières locales qui avaient disparu physiquement depuis 1901 (lors de son accès à l’indépendance), chaque gouvernement des différents États qui la composent ayant géré la situation sanitaire en fonction de son évolution propre et représenté par le leader du parti politique au pouvoir. L’Europe de Schengen, elle aussi, retrouve des frontières oubliées et les nations qui la composent prennent, l’une après l’autre, la décision de se fermer. On redécouvre alors la ténacité des différences culturelles dans la décision politique, l’approche à la santé des pays européens et, surtout, dans la gestion de crise. La presse nous rappelle ainsi que le pragmatisme allemand et nordique, son originalité et son histoire vont déterminer une approche bien différente des pays latins. La solidarité européenne sera mise à mal et à laquelle nous n’étions, finalement, pas préparés : nous observons une Europe divisée, qui s’adapte comme elle peut suivant ses prismes culturels.
Il reste 88 % de l'article à lire