Cet article est un droit de réponse aux Brèves « 70 ans des combats de la RC4 » publiées en octobre 2020.
Indochine : le 3e Tabor à Cao-Bang et la bataille de la cote 477 (1950) (T 1323)
Les officiers et sous-officiers du 3e Tabor en 1950
This article is a right of reply to Brief "70 years of RC4 battles" published in October 2020.
Le colonel Alain de Chergé (1910-2001), impliqué dans les grands conflits récents qui ont marqué l’histoire de France (Tcherkesses au Levant, bataille de France en mai-juin 1940 où il sera blessé face aux panzers de Guderian, armée d’Afrique au Maroc, guerre d’Indochine, Forces françaises en Allemagne, guerre d’Algérie), a commandé le 3e Tabor dans la Zone frontière du Nord-Est jusqu’en 1951, partageant avec ses Goumiers les épreuves de la Route coloniale n° 4 depuis Cao-Bang.
Alain de Chergé le 20 octobre 1950
Il n’a jamais souhaité évoquer le souvenir de ces combats douloureux. Toutefois, la mise à jour récente de notes personnelles et de courriers échangés avec le colonel Le Page, ses cadres et Goumiers, outre des documents ayant trait à son séjour en Indochine (cartes, états des effectifs et des équipements, calque post-opérations) représente, plus de 70 ans après, un précieux témoignage et permet d’enrichir la perception d’une bataille abondamment commentée, mais finalement peu documentée.
En sa fidèle mémoire, les 7 octobre 2020 et 24 septembre 2021.
Le 3e Tabor au Nord-Tonkin
Le chef d’escadrons (CE) Alain de Chergé a rejoint le 3e Tabor (1) le 26 janvier 1950, depuis le Maroc. Débarqué en Indochine en 1949, cité dans le Delta et sur la Rivière Noire, le 3e Tabor a été employé en tant que troupe d’intervention dans la Zone frontière du Nord-Est (ZFNE), au Tonkin, au sein du Groupement des Tabors marocains d’Extrême-Orient (GTMEO). Regroupant les 3e, 8e et 10e Tabors, le 3e Régiment étranger d’infanterie (REI) et le 8e Régiment de tirailleurs marocains (RTM), le GTMEO a ainsi aidé le 3e Bataillon colonial de commandos parachutistes (BCCP) à reprendre le poste de Dong-Khê le 27 mai (groupement « Lumière »). Le 3e Tabor a perdu 8 tués et 16 blessés à l’assaut des calcaires de Tha Lai en septembre 1950.
Plusieurs témoignages confirment son efficacité, à la suite de son glorieux passé pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les officiers du 3e Tabor, Beucler, Mouton et Pairis sont chevaliers de la Légion d’Honneur ; Filloux, Jeantet, Puidupin, Valache, Pairis et Mezard ont reçu la croix de guerre TOE (des Théâtres d’opérations extérieurs). A. de Chergé a reçu la croix de guerre TOE avec étoile de vermeil, le 17 juillet 1950 : « officier supérieur de grande classe ; a obtenu de ses goums un rendement remarquable (…) (2) ».
Ce Tabor se compose de 14 officiers, 41 sous-officiers, deux caporaux-chefs, 43 Moqqadems (petits gradés) et 620 Goumiers. L’effectif disponible est d’environ 620 combattants (cf. annexe).
L’abandon de Cao-Bang
Le groupement de Cao-Bang et les ordres d’abandon
Les troupes communistes chinoises étant parvenues à la frontière du Nord-Tonkin en décembre 1949 et un corps de bataille vietminh de près de 35 bataillons ayant été mis sur pied, le gouvernement français demande au commandement en chef en Indochine d’évacuer Cao-Bang, ville de 3 000 habitants Thos, isolée près de la frontière de Chine et difficilement ravitaillée par la Route coloniale n° 4 (RC4), voie stratégique reliant Lao Kay à la mer de Chine. Le général Carpentier louvoie entre trois possibilités de repli (la RC4 jusqu’à Lang Son, la RC3 vers Hanoï ou la voie aérienne). Finalement, il charge confidentiellement, le 16 septembre 1950, le colonel Constans, commandant la ZFNE et chef de corps du 3e REI, de mener l’opération de repli par la RC4 (3). Il lui octroie 5 bataillons (un aérotransporté à Cao-Bang, quatre au groupement Le Page).
600 Goumiers du 3e Tabor sont ainsi aérotransportés (4) du 21 au 24 septembre 1950 à Cao-Bang, mais nul n’en connaît la raison. « Le colonel Constans m’annonce le 18 septembre 1950 que le 3e Tabor va être envoyé par avion à Cao-Bang, afin de redonner une certaine importance au secteur, donner au colonel Charton une aisance plus grande et de l’air à la place ; il ne m’en dit pas davantage et cela manifestait déjà le caractère secret, voire mystérieux de l’évacuation de Cao-Bang » (A. de Chergé, notes 1979).
Le lieutenant-colonel Charton commande le sous-secteur. Le groupement de Cao-Bang recense 2 265 combattants : 3e Tabor (600 goumiers) ; 3e bataillon du 3e REI du chef de bataillon (CBA) Forget (635 légionnaires) (5), 1re section du génie du Lt. Clerget du Bataillon 73/3 (44 sapeurs) ; section d’artillerie du Lt. de La Rochefoucauld du III/RACM (6) (12 artilleurs) ; unités du train (24) ; troupes supplétives vietnamiennes, ou « forces indochinoises » (FI), du CBA Tissier (950 partisans), répartis en 4 compagnies.
Chergé et Forget s’apprécient depuis l’Afrique du Nord : « pendant les quelques jours que nous passâmes à Cao-Bang, nous eûmes de nombreux et souvent graves entretiens. C’était un magnifique officier et sa mort glorieuse le 7 octobre pèsera grandement sur le sort de la journée » (ibid.).
Le groupement de Cao-Bang est astreint le 30 septembre à exécuter les ordres du duo Carpentier-Constans, consistant à se replier « rapidement » (opération Thérèse) à pied sur la RC4. Le groupement du Lt.-Col. Le Page doit se porter à sa rencontre au km 28.
Mais il y a 135 km jusqu’à Lang Son et la situation se modifie d’heure en heure. Giap, général vietminh intraitable, est informé du départ par l’évacuation des familles de partisans. Les explosions liées aux destructions (150 tonnes de munitions) le 3 octobre le lui confirment. Les postes jalonnant l’itinéraire de repli sont investis par des troupes agressives et le poste de Dong-Khê est à nouveau perdu le 18 septembre 1950. Chargé de le reprendre (opération Tiznit), le groupement du Lt.-Col. Le Page « Bayard », soit 2 750 hommes (7), échoue les 1er et 2 octobre, empêtré dans une situation opérationnelle de plus en plus dramatique.
Le départ de Cao-Bang le 3 octobre et la lente progression
L’ordre d’évacuation étant maintenu (8), Charton demande un report de 24 heures qui lui est refusé, mais il retarde l’évacuation au 3 octobre matin. Son groupement est peu mobile en raison de la présence de 500 civils, de véhicules (9) et de deux canons de 105 et de 37 : « Charton nous dit, à Forget et à moi, que la présence de canons serait très utile » (ibid.).
« Le départ de Cao-Bang ne commença pas à 6 h 00 comme il est dit dans le livre RC4 (10) mais au début de l’après-midi ; la citadelle a sauté à 12 h 25 » (ibid.). Le groupement réalise une progression laborieuse de 13 km le 3 octobre et procède au sabotage des véhicules et des canons le 4 octobre au km 19, ce qui lui prit du temps. « Une grande rapidité d’exécution devait permettre à la colonne Charton d’échapper à l’ennemi. Alourdie par le matériel et les bagages, le retard que prit la colonne fut fatal. La colonne Le Page aurait pu décrocher si elle n’avait reçu la mission d’attendre la colonne Charton et dut accepter le combat sur place et se fit décimer plutôt que de reculer. » (M. Pleven, Président du Conseil, le 20 octobre 1950).
L’ordre de quitter la RC4 et l’occupation de la cote 590 le 6 octobre
Constans intime l’ordre à Charton, le 4 octobre, de prendre une « piste » à Nam Nang pour rejoindre Le Page en difficulté. Étirée sur 5 km, la colonne Charton progresse au sabre d’abattis dans les épineux, les marécages et les calcaires escarpés. Le 5 octobre, précédée du III/3e REI, elle est stoppée à Quang Liêt. Le 3e Tabor escalade un massif boisé, atteint la cote 570 et occupe la cote 590 le 6 vers 11 h 00.
La 138e compagnie de FI, imprudemment aventurée, est anéantie à Tan Be. Son chef, le Cne Morichère, en revendiquera la responsabilité à son retour de captivité, ce qu’Erwan Bergot confirmera (11) : « Morichère a obtenu de Charton ce qu’il voulait, avoir les mains libres pour mener sa mission ; il a seul la responsabilité de son détachement, sans liaisons et sans ordres », comme l’ouvrage Les combats de la RC4 (p. 327) : « le Cne Tissier, sans liaisons radio, tente avec une de ses unités de faire liaison avec “Bayard” en empruntant la vallée. Il tombe à Tan Be dans une sévère embuscade et y perd une compagnie ». Le CE de Chergé précisera en 1979 au Col. Le Page : « le reproche de Charton de ne pas m’être opposé au départ d’une compagnie de partisans le 5 octobre ne me paraît pas fondé ; si cette unité avait été sous mes ordres ; je ne l’aurai certainement pas laissé filer par la vallée, étant absolument convaincu de la nécessité de progresser par les crêtes et d’éviter au maximum les pertes ». La responsabilité de cet engagement repose entièrement sur Charton (12), Tissier et Morichère.
Les deux chefs de groupement communiquent par radio le 6 octobre à 16 h 00, Charton se voit enjoindre d’occuper rapidement la cote 515, très au sud.
L’occupation de la cote 477 et la bataille du 7 octobre
L’organisation du terrain
Le 3e Tabor est investi de la conquête de la cote 477, soit 4 km supplémentaires vers le sud, ce qu’il réalise avec brio le 6 octobre vers 18 h 00. Il se répartit sur les 4 pitons boisés : du nord au sud sur 2 km s’étalent le Goum de commandement et d’appui (GCA) renforcé d’une section du 4e Goum, le 4e Goum avec le PC et la section de commandement, le 51e Goum, puis le 36e Goum plus bas à 800 m. Les Goumiers, fatigués, reçoivent l’ordre de s’enterrer. Les FI sont placés au sud-ouest vers Ban-Ca (1 compagnie) et vers les calcaires de Coc-Xa à Qui-Chan (2 compagnies), en recueil de la colonne Le Page, encerclée à 2 km à l’est avec 150 blessés.
Les Goumiers et les FI sont ainsi fractionnés sur un vaste terrain, sans réserve, appui ou possibilité de manœuvre. C’est demander beaucoup face aux attaques concentriques ennemies simultanées et puissantes (ratio de 1/8) qui auront lieu le lendemain. D’ailleurs, le III/3e REI se regroupera sur un seul piton en fin de matinée le 7. De plus, Charton est resté en arrière avec le III/3e REI sur la cote 590 le 6 octobre au soir, pendant le massacre de Coc-Xa, alors que Le Page lui a demandé de sécuriser le repli des deux colonnes vers That-Khê et que le Trung-doan 88 (13) vient à sa rencontre.
Il aurait été judicieux, même s’il est malaisé de redessiner une bataille a posteriori, de coordonner la défense de 477 entre les trois bataillons dès le 6 au soir (14), puis de tenter de sécuriser les accès vers les cotes 515 et 608. Ils étaient fatigués, mais ils le seront davantage dans la jungle jusqu’à Na Cham, abandonnant de plus totalement les civils. Les chimères développées ultérieurement par Charton (« rejoindre That-Khê puis revenir secourir Le Page, parachutage sur 477 d’un bataillon de renfort, reprise de 477 avec quatre de ses compagnies ») ne sont guère convaincantes.
À 20 h 00, Le Page fait part de son intention de rejoindre 477. La nuit retentit de clameurs entrecoupées de fusillades (15). C’est le sacrifice du 1er BEP.
Les attaques ennemies au sud-ouest et au nord de la cote 477
Alors que l’enjeu est d’assurer le recueil de la colonne Le Page, les Goumiers devront subir dès 6 h 00 des tirs meurtriers provenant de mortiers et de mitrailleuses de 12,7. Des milliers de Viets fanatisés se livreront à l’assaut de leurs positions et, malgré des pertes énormes, poursuivront leurs attaques afin d’épuiser les munitions des goumiers et des légionnaires. Le temps pluvieux et brumeux empêchera l’intervention de l’aviation.
• Vers 6 h 30, la compagnie de FI, isolée sur un éperon au sud-ouest vers Ban-Ca, est submergée par un assaut des Viets. Elle se replie au sud de 477 vers le 36e Goum du Lt. Pairis à qui le commandant du 3e Tabor adresse l’ordre de tenir. Le sergent Barthez meurt de ses blessures. 15 goumiers sont tués. Le 36e Goum réussit deux contre-attaques mais, très éprouvé après un 4e assaut, se replie vers le 51e Goum.
Face à 1 500 Viets surarmés et fanatisés, 200 partisans, puis 140 goumiers, n’auront pu compter sur aucune aide. Le reste du groupement rejoint en effet tardivement la bataille : la Légion monte sur la cote 477 avec mission de dépasser le 3e Tabor à 8 h 00 (cf. Rapport) ; Charton, son PC et le III/3e REI atteignent les croupes nord de 477 au matin du 7 octobre (16).
Le III/3e REI laisse la Compagnie de commandement du bataillon (CCB) du Cne Pages au centre de 477 et tente de reprendre la position du 36e Goum : « contre-attaque immédiate de l’ennemi, stoppée par les nôtres et aussitôt renouvelée ; la matinée s’écoulera en prise et reprise de la position, les Viets engageant à chaque fois des troupes fraîches tandis que les compagnies du 3 s’épuisent ; la situation est critique quand le CBA Forget lance son ultime attaque » (17). Puis le CBA Forget meurt bravement dans les bras du CE de Chergé : « Dites à mes hommes qu’ils se sont conduits en dignes successeurs de leurs anciens ; le bataillon était un peu lourd dans la marche, mais je suis fier de lui (18) ». Le III/3e REI et le 36e Goum s’enterrent sur une position balayée par des tirs de mortiers et d’armes automatiques meurtriers.
• Une série d’attaques au nord de 477 sont repoussées par le GCA du Lt. Mouton : « le sergent-major Caron du GCA s’est imposé à l’admiration de tous le 7 octobre 1950 sur la cote 477, galvanisant ses goumiers, a tenu sa position pendant deux heures malgré de nombreux assauts des rebelles auxquels il a infligé des pertes sévères ; s’est replié sur ordre de son commandant de goum dans un ordre parfait ramenant ses blessés et son armement (19) ». Sous l’intensité des feux, il se replie vers le 51e Goum.
• C’est alors au tour du 4e Goum du Cne Jeantet et de la CCB du III/3e REI de subir de violents tirs rapprochés leur causant de fortes pertes. Ils sont attaqués à trois reprises et repoussent les Viets à la grenade. Ils se replient vers les 51e et 36e Goum.
Les parties centrale et sud de 477 sont tenues
Sur les pitons du centre et du sud, le 51e Goum du Cne Valache et le III/3e REI contiennent la marée ennemie. Soumis à des tirs directs, le 51e Goum inflige de lourdes pertes aux Viets. Le Lt. Beucler témoignera de la lutte acharnée dans son autobiographie. L’adjudant Peyrat du 51e Goum est cité (20) pour « le 7 octobre 1950 sur la cote 477 s’être particulièrement distingué lors d’une attaque massive lancée par les rebelles. Maintenant chacun à sa place et dirigeant le tir de ses armes avec le plus grand calme, a arrêté net la tentative de l’adversaire en lui infligeant des pertes très sévères ».
Après des heures de résistance, sans munitions et menacés d’encerclement, le 51e Goum et le GCA quittent leur piton central à 15 h 30 pour un piton plus au sud, entraînant un resserrement du dispositif. Ces unités auront magnifiquement contribué au recueil de la colonne Le Page. « À aucun moment, ce décrochage ne prit l’allure d’une panique » (21). En fin d’après-midi, le piton sud et l’ensellement mitoyen résistent encore.
Épuisés et dépourvus de munitions, les Viets n’attaquent plus. Bénéficiant de l’accalmie, deux compagnies de FI (136e et 142e) du Lt. Viltard prennent l’ennemi à revers depuis Qui Chan et se rendent maître du piton central de 477. Ces deux unités n’avaient, jusque-là, pas participé aux combats.
Calque post-opérations 1950 : En rouge, la bataille de la cote 477, le repli de la colonne Le Page et le repli des rescapés vers That-Khê
Il convient de relever que la détention par le 3e Tabor d’un armement à la forte cadence de tir et d’unités de feu insuffisantes a eu le même effet que pour les autres unités : une puissance de feu rapidement déclinante et le risque d’être encerclé et neutralisé ou capturé, d’autant qu’un seul mortier de 81 avait été emporté avec 100 obus. La dotation en armement (cf. annexe) montre une forte hétérogénéité : français (pistolet automatique [PA] 1935S de 7,65 mm, pistolet-mitrailleur [PM] MAS38 de 7,65 mm, fusils MAS36 de 7,5 mm, FM 24-29 [fusil-mitrailleurs] et mitrailleuses Reibel de 7,5 mm, mortiers de 60 et 81), anglais (mitraillettes Sten de 9 mm) et américain (fusils Mle 1903 de 7,62, carabines M1, Rocket-Gun, fusils lance-grenade). Le 36e Goum était doté de 44 mitraillettes Sten, modèle imprécis d’une portée de 50 m. Le GCA détenait seulement 29 PM MAS38 et 8 FM 24-29 (22). Les possibilités de ravitaillement ont été quasi-nulles.
« L’énorme supériorité numérique des assaillants, le nombre de ses mortiers, l’abondance de son ravitaillement en munitions, la science avec laquelle il manœuvre nous surprirent. Jamais je n’avais vu une telle densité d’armes automatiques et de mortiers. » (CE de Chergé, rapport, 1950).
L’anabase des rescapés depuis 477 jusqu’à Lang Son
Le repli du 7 octobre au soir pour rejoindre la cote 608 et That-Khê
Le Page « au masque tragique », a demandé vers 13 h 00 à Charton « abattu, consterné » (23) de commander temporairement l’ensemble des troupes. Des témoignages concernant Charton font état d’une demande de parachutage et de consignes données pour le repli (24). Puis Le Page consulte en fin de journée les officiers présents (Segretain, Delcros, Feaugas, Chergé, Maury, Tissier) et donne l’ordre de repli vers le groupement de recueil Labaume : 3e Tabor, 11e et 1er Tabors, PC, Thos, III/3e REI. Le 1er BEP demande sa liberté de manœuvre (25).
La colonne s’engage à la suite du 3e Tabor, les crêtes et les vallées étant envahies par l’ennemi (26). « Hormis le 3e Tabor qui a réussi à conserver sa cohésion, tout ce qui suit n’est plus guère en état d’affronter un nouveau corps à corps (27) ». Avec plus de 200 Goumiers et des blessés, le CE de Chergé prend la direction sud-sud-est, à l’est de Ban-Ca, empruntant le versant boisé de 533 à son nord-est, contournant la cote 515 à son nord-est et dépassant Cocton par le nord. Le groupe marche de nuit dans un terrain de cauchemar. L’adjudant-chef Larousse, du 4e Goum, raconte : « le 8 octobre, je tombe dans une embuscade, deux Viets cherchent à me désarmer, je profite d’un instant d’inattention pour les descendre tous les deux d’une rafale de mitraillette. Nouvelle embuscade que je réussis à forcer avec beaucoup de mal grâce au FM récupéré » (28).
« Le 3e Tabor, au cours de combats très violents, réussit à se frayer un passage jusqu’à That-Khê ; par suite des difficultés du terrain et de l’obscurité, les colonnes se fractionnèrent ; presque toutes tombèrent dans des embuscades ; certains purent les forcer et réussirent à gagner That-Khê ; beaucoup de petites colonnes égarées ou qui avaient été retardées se présentèrent à That-Khê après que le poste eut été évacué et furent capturées » (ibid.). Au cours de cette odyssée, Le Page sera capturé.
Le 8 octobre après-midi, les rescapés escaladent la cote 608 où se trouve le groupement « Rose » du Cne Labaume (29) (30). Ils repartent vers la cote 703 le soir même, montant et descendant des parois à pic. Le 9 octobre, embuscades, fusillades et éclatements de mortiers se poursuivent. Les rescapés exténués rejoignent le Pont Bascou vers 16 h 00 et sont transportés à That-Khê, à 5 km (31).
L’évacuation du poste de That-Khê le 10 au soir et la traversée du Song-Ky-Cung
Le poste qui accueille les rescapés le 9 octobre au soir prépare fébrilement son départ sous les ordres du commandant du sous-secteur Bedo. La tenue du poste du Song-Ky-Cung relevait de la 4e Cie du Cne Moreau (I/3e REI) (32) et 2 sections de parachutistes thos (33) renforçaient la rive nord. Les Viets ont fait sauter la travée centrale du pont dans la nuit.
Dans la journée du 10 octobre, un officier aviateur atteste 4 posers de Junkers 52 Toucan sur le terrain de That-Khê, soit environ 80 blessés évacués par voie aérienne. Pour ceux qui ne figurent pas au départ de la traversée du Song-Ky-Cung, Pierre Sergent précise (34) : « cette journée du 10 octobre, ils furent 29 du 1er BEP à rejoindre That-Khê : 23 légionnaires, 3 officiers (Jeanpierre, Marce et Roy), 3 sous-officiers. (…) Les rescapés étaient dans un tel état qu’il fallut les faire soigner sur-le-champ. Puis, on les évacua sur Lang Son ».
1 400 rescapés et la garnison abandonnent à pied le poste de That-Khê le 10 octobre à 21 h 00 (deux infirmières, Mmes Henry et Lastecouères, les accompagnent). À 4 km au sud, ils traversent sous la pluie la rivière Song-Ky-Cung, 100 m de large avec du courant. Les paras thos passent à gué. Grâce à six demi-bateaux à rame M2, les sapeurs du lieutenant Poirault, du génie (73/3), assurent le passage de près de 1 650 personnes, dans l’ordre suivant : II/3e REI (CCB et deux compagnies), rescapés, outre des civils fuyant les Viets. Il s’agit d’un véritable exploit.
Le 3e BCCP, soit 400 hommes parachutés le 8 octobre, arrive à That-Khê vers 22 h 30. Il récupère à la nage les bateaux laissés par le génie (35) et compose l’arrière-garde avec le peloton d’automitrailleuses Pascal (1er Régiment de chasseurs), qui précipite ses engins dans la rivière pour éviter qu’ils soient pris (36).
Du Song-Ky-Cung à Na Cham le 12, puis Lang Son le 13 octobre
Les rescapés sont à nouveau dans une situation très précaire les 11, 12 et 13 octobre. L’ennemi tente de les intercepter. La RC4, détruite sur des kilomètres, est verrouillée par l’étroit défilé du Deo Cat et le colonel Constans n’a pas fait réoccuper d’urgence l’ancien fort Galliéni qui le commande. Les postes qui jalonnent la RC4 (PK45, PK41 ouest et est, Ben Me), occupés par la 3e Cie du I/3e REI (37), sont éliminés les 3 et 4 octobre. Bo Cung, après une dure bataille, est évacué. Les garnisons du I/3e REI à Luang Vai, Ban Be, Ananas, 341, Capkhê et 327 se joignent aux rescapés sans combattre.
Les rescapés passent le défilé du Deo Cat au petit jour, le Cne Labaume en tête. Ils atteignent Ban Be puis se cachent à l’est de Luang Vai, laissant une section en recueil. « Nous attendons la nuit pour rejoindre Na Cham par un itinéraire détourné et contourner la cote 371 par l’est ».
Néanmoins, l’arrière de la colonne doit faire face au renforcement des Viets au défilé du Deo Cat. Il fait jour. Le 3e BCCP contourne vers 19 h 00 le bouchon viet par la montagne. Il perd 10 heures à tourner en rond dans la nuit et un avion Morane-Saulnier 500 Criquet lui parachute une carte. Repéré, le 3e BCCP est anéanti le 14 octobre matin (38). La 4e compagnie, restée sur la RC4, est anéantie le 12.
Les rescapés cachés à Luang Vai repartent le 11 à 20 h 00, guidés par la 1re Cie du I/3e REI : « nous enfonçons dans la boue jusqu’aux genoux ; j’entends de Chergé qui m’appelle » ; « les arroyos sont en crue » (39). Ils échappent à une embuscade (« nous escaladons et redescendons des pitons ») et arrivent le 12 octobre matin à Na Cham.
Reparti à pied de Na Cham, ville en proie à la panique, le 3e Tabor embarque à Tha Lai et rejoint finalement Lang Son le 13 octobre en unité constituée. Mais la ville de Lang Son sera abandonnée le 17 octobre par un commandement français incompétent.
Après la bataille
Le ministre d’État chargé des relations avec les États associés M. Jean Letourneau se rend le 20 octobre 1950 à Phu Lang Thuong, lieu de rassemblement des rescapés, accompagné du général Juin (résident-général du Maroc) et du Haut-Commissaire M. Pignon. Il écrira : « parmi les rescapés figuraient en assez grand nombre des éléments des 1er, 3e et 11e Tabors. Ces magnifiques troupes étaient composées de Marocains particulièrement habitués aux combats en montagne. Ils s’étaient une fois de plus magnifiquement battus. Je pus admirer comment en dépit des pertes et les fatigues vraiment inhumaines ils avaient su conserver leur moral (40) ».
M. Letourneau, Gal Juin, Gal Carpentier, CE de Chergé et M. Pignon
Le CE de Chergé, promu officier de la LH (41), reçoit la croix de guerre TOE avec palme le 20 octobre 1950 : « officier supérieur de grande classe qui s’est distingué en zone frontière nord-est ; (…) ; le 7 octobre, venant de Cao-Bang, en tête de la colonne Charton, il livre sur la cote 477 contre un ennemi très supérieur en nombre, toute une série de combats désespérés. Réalisant la percée, il parvient à ramener une grosse partie de son unité à That-Khê, puis à Lang Son, après une marche de 160 km effectuée en 10 jours ». Au Palais-Bourbon, il est donné le même jour lecture du « dramatique récit du commandant de Chergé » (2e séance, p. 6996).
Les effectifs, les pertes et les rescapés
Des approximations récurrentes caractérisant le nombre de combattants engagés (« 7 000 soldats anéantis, 7 409 effectifs engagés, 6 500 soldats engagés »), l’effectif disponible total peut être évalué à 5 962 combattants (Le Page : 2 749, Charton : 2 265, 3e BCCP et garnisons : 948), arrondi à 6 000 (cf. tableau en annexe). Ce calcul tient compte du fait que, si les 1er, 3e, 11e Tabors et 8e RTM sont en général mentionnés chacun pour plus de 900 combattants, il doit être tenu compte de leur surutilisation depuis des mois (décédés, blessés, malades, indisponibles). Le 3e Tabor n’a ainsi engagé à Cao-Bang que 600 combattants sur 850 Goumiers. Une diminution des effectifs théoriques de 20 % pour les 1er, 11e Tabors et 8e RTM ne serait pas illogique. Les unités parachutées (BEP et BCCP) et aérotransportées (III/3e REI et 3e Tabor) ont des effectifs fiables décomptés par l’Armée de l’air. Les unités rattachées peuvent être réparties entre chaque groupement pour un total de 160 soldats (génie 40, artillerie 50, cavalerie 20, train 50). Les unités de garnison (paras Thos, I/3e REI et II/3e REI) représentent environ 550 soldats et les FI de Cao-Bang 950 partisans.
Les pertes totales représenteraient 4 128 combattants, soit 70 % des effectifs disponibles, le taux de pertes de la colonne Charton étant de 87 %. En défalquant les 3 000 prisonniers (50 %), dont la répartition par unité est donnée en annexe, on aurait un total de 1 128 morts au combat, soit 19 % de l’effectif engagé. 1 000 prisonniers étant libérés au terme de leur captivité échelonnée entre 1950 et 1954, on aurait un total de 3 128 soldats définitivement perdus, soit 52 %. Le vietminh aurait subi des pertes de 5 000 tués et blessés.
Moins d’un tiers des prisonniers de la RC4 survivra, « chaque rescapé restant marqué dans sa chair et dans son esprit par cette épouvantable épreuve » (Gal Longeret, Les combats de la RC4, op. cit. ). Plusieurs lettres de prisonniers furent écrites au CE de Chergé. Ainsi, un cadre, le 6 août 1951 : « (…) Les camps sont situés sur l’axe Bac-Kan–Cao-Bang ; dans des forêts de bambous très sombres et humides et le paludisme fait de gros ravages. Le moral dans l’ensemble est resté excellent surtout pour les goumiers moyens qui n’ont pas perdu confiance en nous ». Un autre relate le 24 octobre 1951 : « J’ai repris 12 kg depuis mon hospitalisation, ce qui fait 56 kg ; j’ai eu la chance de faire partie du 2e convoi de libérés ; à mon retour au Maroc, j’espère rencontrer certains officiers qui étaient au 3e Tabor, cela me fera infiniment plaisir ». Un autre écrit le 28 novembre 1952 : « j’étais très fatigué mais grâce à Dieu, à part un peu d’anémie j’étais encore assez solide ; j’ai eu le bonheur, la chance de sortir de cet enfer ; je compte rejoindre le Maroc et bien entendu les Goums ».
Enfin, les deux colonnes ont préservé 1 422 combattants au 20 octobre 1950. Avec le 3e BCCP et les garnisons repliées, il s’agit de 1 836 combattants, soit 30 % des effectifs disponibles, voire 47 % avec les 1 000 prisonniers rapatriés. Plus particulièrement, les rescapés du 3e Tabor, soit 312 cadres et goumiers, représentent 52 % de l’effectif engagé. Si l’on ajoute 117 Goumiers au dépôt et 49 libérés, le total est de 62 %. Pour les 268 paras du 3e BCCP hors Cie BEP, le taux de retour est de 44 % (14 rescapés, 38 tués, 106 prisonniers revenus, 110 disparus).
Plusieurs dizaines de blessés, dont le Lt. Faulques du BEP, seront évacués depuis le terrain de That-Khê les 19 et 20 octobre grâce à l’héroïsme du Lt. aviateur de Fontanges.
Le 3e Tabor poursuit la lutte après Cao-Bang
Les rescapés des 1er, 3e et 11e Tabors constituent le « Groupement léger de Tabors marocains d’Extrême-Orient » (GLTMEO), stationné à Haïphong, Doson et Bicho. « Le 3e Tabor, avec des effectifs moins importants, se reconstitue et, à partir du 10 novembre, prend part aux opérations en cours. J’en ai conservé le commandement jusqu’au 23 décembre 1950 » (ibid.). Le CE de Chergé est affecté le 1er janvier 1951 (42) au commandement des Tabors, adjoint au commandant Limon Duparcmeur, commandant le GLTMEO, à Vinh Yen.
Puis le 3e Tabor est rapatrié le 14 mars 1951. Ordre n° 2 du 19 mars 1951 : « le 3e Tabor va rejoindre le Maroc (43) (…) Toujours sur la brèche (…) transporté en avion en septembre 1950 à Cao-Bang, alors qu’il venait de repousser les rebelles à Tha Lai, il combattit dans les rangs de la colonne Charton sur la cote 477 et rejoignit Lang-Son au prix de pertes très importantes et d’efforts exceptionnels ».
Est-il meilleure illustration que celle donnée par M. Jean-Jacques Beucler (1923-1999), lieutenant au 51e Goum, futur secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants ? Son comportement en captivité fut exceptionnel pendant 4 ans. M. Beucler est à l’origine de l’affaire Boudarel.
Éléments de bibliographie
Rapport du chef d’escadrons de Chergé établi en exécution du TO n° 4755/EMCFB/12 du général président de la commission d’enquête et Journal de marche du 3e Tabor.
Décisions, états, cartes, notes et courriers conservés par le colonel Alain de Chergé.
Beucler Jean-Jacques, L’homme qui a démasqué Boudarel, Éditions France-Empire, 1991.
Bergot Erwan, La Bataille de Dong-Khê, Presse de la Cité, 1987.
Dugoin Xavier, L’honneur et l’oubli, Nathan, 1991.
Le Page (colonel), Cao-Bang : la tragique épopée de la colonne Le Page, Nouvelles éditions latines, 1981.
Longeret Georges, Laurent Jacques et Bondroit Cyril, Les combats de la RC4 (1947-1950), Indo éditions, 2004.
Livre d’or de la Légion étrangère, Éditions Charles Lavauzelle, 1976.
Annexes
Effectifs du 3e Tabor 1950
|
Officiers |
Sous-officiers |
Caporaux-chefs |
Moqq |
Goumiers |
Total |
État-major |
CE de Chergé, |
|
|
|
- |
5 |
GCA |
Lt. Mouton |
16 |
1 |
|
165 |
183 |
4e Goum |
Cne Jeantet |
8 |
|
|
143 |
153 |
36e Goum |
Lt. Pairis (blessé en septembre 1950) |
7 |
1 |
|
159 |
169 |
51e Goum |
Cne Valache |
10 |
|
|
153 |
165 |
Total |
14 |
41+4 théo |
2 |
43 |
620 |
825 |
Dotation en armement (carnets de campagne d’A. de Chergé et états GTMEO 24 octobre 1950)
|
Effectif |
FM 24-29 |
Fusils MAS36 |
PM MAS |
Sten |
PA |
Mortier 60 |
Mortier 81 |
Mitr. Rei |
Fusils US |
RG |
GCA |
165 |
8 |
106 |
29 |
6 |
39 |
|
4 |
2 |
9 |
3 |
4e Goum |
143 |
12 |
103 |
44 |
|
35 |
1 |
|
2 |
4 |
3 |
36e Goum |
159 |
12 |
108 |
|
44 |
36 |
1 |
|
2 |
4 |
3 |
51e Goum |
153 |
12 |
105 |
44 |
|
36 |
1 |
|
2 |
4 |
3 |
Total |
620 |
44 |
422 |
117 |
50 |
146 |
3 |
4 |
8 |
21 |
12 |
Disparus |
288 |
30 |
264 |
58 |
44 |
47 |
3 |
2 |
2 |
ND |
0 |
Colonnes Charton et Le Page, 3e BCCP et garnisons repliées
|
Effectif théorique |
Effectif disponible |
Pertes théoriques |
Pertes estimées |
% pertes |
Estimation prisonniers |
% effectif |
Total rescapés |
% Rescapés |
Prisonniers libérés |
BEP |
516 |
516 |
489 |
489 |
95 % |
150 |
29 % |
27 |
5 % |
ND |
1er Tabor |
925 |
740 |
595 |
410 |
55 % |
350 |
47 % |
330 |
45 % |
ND |
11e Tabor |
924 |
739 |
555 |
370 |
50 % |
320 |
43 % |
369 |
50 % |
ND |
8e RTM |
842 |
674 |
559 |
391 |
58 % |
330 |
49 % |
283 |
42 % |
ND |
Unités rattachées |
25 |
80 |
ND |
55 |
69 % |
40 |
50 % |
25 |
15 % |
ND |
A. Total Le Page |
3 232 |
2 749 |
2 198 |
1 715 |
62 % |
1 190 |
43 % |
1 034 |
47 % |
|
III/3e REI |
635 |
635 |
603 |
603 |
95 % |
520 |
82 % |
32 |
5 % |
|
3e Tabor |
916 |
600 |
604 |
290 |
48 % |
240 |
40 % |
312 |
52 % |
49 |
FI |
950 |
950 |
931 |
931 |
98 % |
620 |
65 % |
19 |
2 % |
ND |
Unités rattachées |
64 |
80 |
ND |
55 |
69 % |
35 |
44 % |
25 |
15 % |
ND |
B. Total Charton |
2 565 |
2 265 |
2 138 |
1 879 |
87 % |
1 415 |
62 % |
388 |
17 % |
|
3e BCCP |
398 |
398 |
379 |
384 |
96 % |
230 |
58 % |
14 |
4 % |
106 |
Garnisons |
550 |
550 |
ND |
150 |
28 % |
120 |
22 % |
400 |
72 % |
ND |
C. Total BCCP+Gar |
948 |
948 |
ND |
534 |
56 % |
350 |
37 % |
414 |
44 % |
ND |
Total A+B+C |
6 745 |
5 962 |
4 715 |
4 128 |
70 % |
2 955 |
50 % |
1 836 |
30 % |
1 000 |
(1) Le Tabor marocain est une unité de la taille d’un bataillon (soit environ 830 combattants théoriques) et le Goum d’une compagnie (soit environ 150 combattants).
(2) Décret n° 7 du 22 février 1952 : « Magnifique Tabor, (…). Sous les ordres du chef d’escadrons de Chergé, participe à toutes les ouvertures de la RC4 entre That-Khê et Na-Cham, de janvier à avril 1950, effectuant un travail remarquable, au prix de fatigues sans nom ; les 17 et 18 septembre, à hauteur du village de Tha Lai sur la RC4 bouscule un bataillon rebelle et, dans un magnifique élan, s’empare de toute une série de calcaires fortement tenus par l’ennemi (…). Fait partie de la colonne Charton et parvient au prix de difficultés exceptionnelles à gagner That-Khê, puis Na-Cham et Lang Son ».
(3) 29 septembre 1950 : opération de diversion Phoque lancée sur Thaï Nguyen à 200 km de Cao-Bang sur la RC3.
(4) « Les Junkers qui nous avaient transportés repartaient chargés de civils (femmes, vieillards, enfants) » Notes 1979.
(5) Adjoint Cne Labignette, Compagnie de commandement du bataillon (CCB) Cne Pagès, 9e Cie Lt. Foureau, 10e Cie Lt. Bonfils, 11e Cie Cne Maury, 12e Cie Cne Clamou.
(6) 3e bataillon du Régiment d’artillerie coloniale du Maroc.
(7) État-major : CBA Labataille et Goum de protection du Lt. Weyreminger, 1er Tabor du commandant (Cdt.) Feaugas, 11e Tabor du Cdt. Delcros, 8e RTM du Cdt. Arnaud, 1er BEP du CBA Segrétain.
(8) Le Page a reçu l’ordre n° 3 (daté du 29 septembre) de Constans le 3 octobre à 14 h 30.
(9) 30 véhicules : 2 half-tracks (véhicule semi-chenillé), GMC CCKW (camion américain à 3 essieux), véhicule tout-terrain Dodge, ambulances, jeeps, camions civils ; vivres, munitions, matériel, explosifs.
(10) Charton Pierre (colonel), RC4 la Tragédie de Cao-Bang, Albatros, 1975.
(11) Bergot Erwan, La Bataille de Dong-Khê, p. 291.
(12) Charton s’exprimera sans aménité en 1979, sans contacter les principaux survivants, peut-être miné par la captivité et l’âge.
(13) Régiment vietminh constitué de 4 bataillons.
(14) Charton réduira 477 à « deux pitons », dont un « de Quang Liêt ». « Dans son ouvrage, le Lt.-Col. Charton a reconnu que sa mémoire avait flanché » (Bergot E., op. cit, p. 325).
(15) Beucler J.J., p. 119.
(16) Bergot E., op. cit., p. 297.
(17) Livre d’or de la Légion étrangère, p. 307.
(18) Livre d’or de la Légion étrangère, p. 307 et Ormesson (d’) Jean, « La France rêvée de Jean-Marie Rouart (lettre ouverte sur l’ouvrage Adieu à la France qui s’en va) », Le Figaro littéraire, 4 septembre 2003 : « Le commandant de tabors qui avait recueilli ces dernières paroles s’appelait de Chergé. C’était l’oncle de Christian de Chergé, le prieur de Tibéhirine ».
(19) Ordre du CA – GTMEO à Meknès, le 14 octobre 1952 – CBA Girollet.
(20) OG n° 1260 4888/EMIFT/BP/CH/DECO du 28 juillet 1951 du général d’armée Salan.
(21) Cf. Cne Valach cité par le Col. Le Page dans Cao-Bang : la tragique épopée de la colonne Le Page.
(22) État n° I 102/T 3 du 13 novembre 1950.
(23) Cne Faret, cité dans l’ouvrage du Col. Le Page, op. cit., Appendice II « L’évacuation de Cao-Bang avec le 3e Tabor, d’après un récit du Lt.-Col. Faret, Cne adjudant-major du 3e Tabor », p. 185.
(24) Charton emmène canons et camions le 3, perçoit l’exigence de rapidité le 5, prétexte le 7 une reconnaissance dont il n’est « pas certain de revenir » avec l’adjoint de Le Page (CBA Labataille) et des tirailleurs du 8e RTM. Mais pourquoi emmener des tirailleurs de Le Page et personne de son groupement ? « Charton avait disparu » (Sergent P., op. cit, p. 144) ; « Charton renonce » (Bergot E., op. cit., p. 322). Capturé du mauvais côté dans la vallée de Ban-Ca.
(25) Segretain, blessé, capturé par les Viets, est mort dans la nuit du 7 au 8 octobre. Sur un effectif de 516, il restait 9 officiers et 121 sous-officiers et légionnaires le 7 octobre au départ de 477. 3 officiers, 3 sous-officiers, 17 légionnaires ont rejoint That-Khê le 10 octobre, soit 17 %.
(26) Dugoin Xavier, L’honneur et l’oubli, p. 138.
(27) Bergot E., op. cit., p. 328.
(28) Les combats de la RC4, p. 338 : l’adjudant-chef Larousse du 3e Tabor, 18 citations, laissé pour mort dans la jungle vers la côte 515, héroïque rescapé d’une longue captivité, sera fait plus tard commandeur de la Légion d’honneur en tant que lieutenant.
(29) Labaume commande le II/3e REI depuis 1949, unité implantée depuis 1947 dans ce secteur.
(30) 2 goums de Le Page y étaient positionnés dès le 5.
(31) « Le commandant de Chargé (sic) avait trouvé le trou avant l’encerclement viet » : Bodard Lucien, La Guerre d’Indochine : T. 2 L’Humiliation, Gallimard, 1965.
(32) Cette 4e compagnie avait en charge depuis mai 1950 les postes de That-Khê, Ban Me, Pont Bascou et du Song-Ky-Cung.
(33) Deux sections parachutistes, constituées en 1948 à partir de partisans Thos (l’ethnie Thô est originaire du Nord Tonkin), furent parachutées le 17 septembre 1950 pour renforcer la garnison de That-Khê (lieutenant Chaumier).
(34) Je ne regrette rien. La poignante histoire des légionnaires parachutistes du 1er REP, Poche n° 3875, 1974, p. 157.
(35) « J’ignore totalement que le 3e BCCP très en retard ne s’est toujours pas présenté au point de passage. La section se regroupe sur la rive droite pour récupérer son armement ». Lt. Poirault du génie.
(36) L’une d’elle a été récupérée par les Vietnamiens : repeinte, elle trône sur la place du village.
(37) Le I/3e REI du CBA Calvin devait tenir les postes entre That-Khê et Na Cham (CCB et 4 compagnies).
(38) Sur le 3e BCCP du Cne Cazeaux, cf. Pouget J., Le Manifeste du camp n° 1.
(39) Cne Faret, op. cit.
(40) La Longue Route des Tabors, p. 283.
(41) MOTCC/1re division de marche du Tonkin/GM n° 2/n° 644 du 20 avril 1951, pour prendre rang du 20 octobre 1950.
(42) Avis de mutation 00170/EMIFT/BP/M du 5 janvier 1951, ref. TO 236608 ZOT 1 du 31 décembre 1950.
(43) Les unités de goumiers seront dissoutes et transférées à l’Armée royale marocaine le 11 mai 1956.