À l’heure où les négociations sur le nucléaire iranien piétinent à Vienne, il est intéressant de proposer un éclairage sur l’Iran, pays complexe où la dimension théocratique s’est imposée avec la révolution khomeyniste de 1978. Téhéran a des ambitions régionales, s’appuyant sur le monde chiite que le régime des Mollahs s’efforce de fédérer depuis des décennies avec des interactions dans les pays de la région, au risque de tensions débouchant sur des affrontements armés et des confrontations avec les autres pays de la région, sans oublier Israël et les États-Unis.
Iran : « la mère de toutes les villes » (T 1347)
Drapeau de l'Iran (©Al, Adobe Stock)
At a time when negotiations on Iranian nuclear power are stalling in Vienna, it is interesting to shed some light on Iran, a complex country where the theocratic dimension imposed itself with the Khomeini revolution of 1978. Tehran has regional ambitions, relying on the Shiite world that the Mullahs' regime has been trying to unite for decades with interactions in the countries of the region, at the risk of tensions leading to armed clashes and confrontations with other countries in the region, without forgetting Israel and the United States.
Élu le 18 juin 2021 au suffrage universel grâce à une abstention record de 51 %, Ebrahim Raïssi, le nouveau président iranien, est un mollah conservateur, fidèle au Guide et un fervent partisan de la première heure de la Révolution. En parallèle, une série de négociations entre l’Iran et les États-Unis sont organisées à Vienne sur le nucléaire iranien et sur les sanctions imposées par l’ex-Administration américaine. L’Iran prétend s’intégrer bientôt à la communauté internationale tandis que le Président fraîchement élu insiste sur la poursuite de la ligne dure de la Révolution. D’ailleurs, certains politologues pensent que Raïssi serait le nouveau Guide suprême. Si l’Occident fait de son mieux afin de persuader l’Iran de renoncer à son programme nucléaire et à ses ambitions régionales, la République islamique d’Iran suit un plan bien orchestré depuis des décennies afin d’être un joueur indispensable dans la région.
Après la victoire de l’Ayatollah Khomeiny en 1979 et l’arrivée au pouvoir des Mollahs, un régime unique dans le monde est instauré en Iran : la Wilayat el-Faqih (1). La jeune République islamique d’Iran prêche alors son projet d’exporter son expérience révolutionnaire afin d’être un leader dans le monde arabo-musulman. Cependant, sa politique l’a emmené à être isolé par l’Occident, en particulier par les États-Unis. Même si sa situation est précaire aussi bien sur le plan social qu’économique, l’Iran persiste et refuse d’abandonner son ambition.
L’ombre de Dieu
En 1979, le peuple iranien vote pour une constitution qui donne à Khomeiny le pouvoir d’être le leader suprême de la Révolution iranienne et le représentant de l’Imam caché, qui revient, selon la confession chiite, rendre justice à Ahl al-Bayt, la famille du prophète Mahomet. Aussi, la constitution donne à Khomeiny le pouvoir afin de gouverner l’Oumma, la communauté musulmane, ainsi que le pouvoir d’al-Mahdi, l’Imam occulté, qui est infaillible et est au-dessus des lois humaines. Par ailleurs, les Chiites, minoritaires dans le monde musulman (environ 15 %), se considèrent comme l’élite de l’Oumma ; les Sunnites étant, selon eux, la masse qui doit suivre l’élite (2).
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